Une Rivalité
- Le 16/11/2012
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Voilà un titre énonciateur. Engagement, intensité, beau jeu, cartons rouges, crises, échauffourées ... Tout a été vu, tout est possible dans cette rivalité qui a prit naissance durant les années 80.
Les girondins de Claude Bez sont intouchables. Marseille sous l'intermédiaire de Tapie veut redevenir le numéro 1 français, mieux, il pense déjà à être le premier club français à soulever la coupe aux grandes oreilles.
Ayant dans leurs rangs la moitié de l'effectif français avec ses 2 stars, ses deux "ballons d'argent" 1982 pour Giresse, 1984 pour Tigana -qui rejoindront plus tard cet Olympique de Marseille- Bordeaux domine le foot français, Marseille se contente des restes. Les deuxièmes places, celle de coupe de France en 1986 puis 1987, année à laquelle ils finiront également deuxième en championnat derrière les bleus marines.
Marseille se vengera deux ans plus tard, en faisant le doublé coupe championnat. 5ans seulement après sa remontée parmi l'élite. Mieux, en 1990 le club phocéen finira premier du championnat, devant le club au scapulaire.
Dès lors rien n'ira plus pour les girondins après une décennie 80 dominée de la tête et des épaules ( vice champion 83,88,90 champion 84,85,87 coupe de France 86,87) le club connaitra des problèmes fiscaux et se verra relégué pour la saison 1991/1992 en seconde division. Les girondins sont placés au second rang et Marseille vient de perdre son pire mais aussi son meilleur adversaire. A qui se concurrencer à présent ? "Bordeaux est mort, vive Paris" s'écriera alors Tapie. Avec l'aide de Canal +, la rivalité Marseille / Paris va alors prendre forme avec les enjeux économiques et sportifs qui en découleront.
Peu importe, le club remontera aussitôt. Emmené par Dugarry ou autre Lizarazu, ils gagneront ce championnat de D2. Cette jeune pousse qui a grandit dans les exploits de leurs ainés devra voir l'OM soulever la coupe aux grandes oreilles dès leur montée. Ce que Bordeaux n'avait pas fait, malgré un parcours plus qu'honorable en 1985, faisant trembler le futur vainqueur, la Juve de Platini en demi-finale en gagnant 2.0 sur un but de Battiston après avoir perdu 3.0 à l'aller.
Marseille avait battu un autre club italien, le Milan et était le premier club français à remporter cette coupe. Quelque part, Tapie avait réussit là où Bez avait échoué même si la fin du combat s'est disputé sans les derniers intéressés.
Le saut dans le grand bain c'est un marseillais qui le donnera à Bordeaux. Son nom, Zidane, arrivé en 92 dès la remontée du club sous la coupe d'un certain Rolland Courbis. Cette génération atteindra son point culminant 4ans plus tard en allant en finale de la coupe Uefa et battant notamment le Milan Ac 3.0 en demi finale avant d'échouer face au Bayern de Munich.
Après l'exode qui s'en suivra, (ndlr: Zidane à la Juventus, Lizarazu au Bayern, Dugarry au Milan AC) c'est encore Rolland Courbis qui sera chargé de reconstruire les fondations et arrivera l'ancien chouchou du Vélodrome, la ballon d'or 1993, Jean-Pierre Papin. Comme Giresse et Tigana dans l'autre sens, c'est chez l'ennemi qu'il ira signer son "dernier beau contrat".
Pendant ce temps Marseille après avoir enchainé 3titres de champion en 90,91,92 et champion d'Europe en 1993 va voir ce nouveau concurrent, ce PSG -qui avait déjà joué les troubles fêtes dans la guerre gagné le championnat 1986- prendre de l'importance tant et si bien que les olympiens finiront 2éme en 1994 derrière le club de la capitale et comme Bordeaux quelques années au par avant connaitront la relégation ...
Il avait fallu 4ans après leurs remontées en D1 pour que Bordeaux arrive en finale de coupe d'Europe, il en faudra une de moins pour les marseillais. Mais mieux, cette même année les deux clubs se retrouveront encore une fois aux coudes à coudes en championnat. Le Bordeaux de Micoud, Benarbia, Laslandes, Wiltord et consorts l'emportera une nouvelle fois après un récital 4à1 en confrontation directe et le but à la dernière seconde du championnat de Feindouno qui donnera le titre aux girondins devant l'Olympique de Courbis et Dugarry.
La décennie qui suivra est moins alléchante, Drogba, Pauleta, Savio, Ribéry, Denilson et consorts n'y pourront rien. Lyon est trop fort trop au-dessus. Néanmoins Marseille réussit un nouveau pied de nez en allant en finale de coupe Uefa en 2004 sans que cette fois-ci Bordeaux ne riposte, pire, le club marine est proche de la relégation en 2005.
Mais évidemment, l'hégémonie Rhône-Alpienne n'allait durer éternellement. Les bordelais sonneront en premier la charge. Dès 2006, ils finiront 2éme sous les ordres de Ricardo, retrouvant une stabilité, en 2007, ils gagneront la coupe de la Ligue devant ces lyonnais. En 2008 ils finiront de nouveau deuxième avec un ancien marseillais, joueur durant la fameuse saison 1998/1999, Laurent Blanc.
Devant ces coups de boutoir, Lyon a reculé et cèdera de nouveau sa place. Le championnat 2009 rejoindra les bords de Garonne devant des olympiens qui n'avaient pas tardé à emprunté le pas de la révolte finissant eux-même second en 2007.
Bordeaux régale, tant et si bien qu'en 2010 ils ont 12points d'avance, avant de s'écrouler, sur l'OM qui finira champion en fin de saison.
Bordeaux est arrivé en 1/4 de finale de la Ligue des champions avant de reculer en championnat, il s'est passé la même chose avec Marseille encore une fois 2ans après. Ces équipes sont faites pour avoir des destins croisés et ils se croisent depuis 30ans. Comme si ça ne suffisait pas, mercredi Obraniak a répondu d'un but splendide au chef d'oeuvre de Valbuena. De cet échange, aussi bien de coups que de joueurs c'est le foot français qui s'en est nourri entre le club français le plus titré et celui qui a disputé le plus de matchs de coupe d'Europe.
On a voulu trouver de nouveaux adversaires aux bordelais après la descente en 91, Nantes le derby de l'Atlantique puis quand Nantes est à son tour descendu c'était autour de Toulouse, le derby de la Garonne mais le destin, les supporters n'ont jamais oublié Marseille. Il y aura 3 tifos, un au début du match, un pendant la première mi-temps et un autre à la pause. Le stade sera plein.
"Je préfère être en Europa league et gagner contre l'OM à la maison que perdre et être en LDC" disent les bordelais. L'objectif est clair, même si on imagine mal Triaud faire défiler sa Cadillac dans les rues de Marseille, interdire la victoire à Chaban Delmas, Lescure diront les puristes, aux marseillais qui courent après depuis 1977. Le nouveau stade arrivera pour l'Euro 2016.
Si Bordeaux gagne il passe devant Marseille, mais ça on n'en parle pas ou alors comme une simple cerise sur une navette.
La victoire sera jouissive, le nul simple minima, frustrant et la défaite interdite.