Vous nous manquez déjà (première partie) : Xavi, cuatro de pura cepa

Exit les Pitxitxi, Zarra, Gento, Iribar, Butragueno ou même Iniesta. C'est lui qui été élu pour meilleur joueur espagnol de tous les temps; Xavier Hernandez i Creus dit Xavi.

La passe ... courte, longue, tranchante ou déposée, intouchable ou caressante, protection défensive ou attaque menée ... elle est le foot. Au crépuscule de celui qui illuminait, il fallait bien lui rendre hommage.




Qu'est-ce qu'un cuatro ?

Un meneur de jeu reculé. Le cuatro a l'avantage sur" le 10 à la française". 

Son poste en retrait lui permet d'éviter au maximum le pressing adverse, permet d'élaborer des actions depuis la première passe. Ainsi le tempo peut-être géré, les ballons peuvent ressortir d'un côté pour mieux repartir de l'autre. Le cuatro est un véritable chef d'orchestre, là où le 10 sera d'avantage dans l'accélération. Il permet enfin à l'équipe d'élaborer un jeu des plus offensifs, pour optimiser le tout, les joueurs placés au-dessus, sont plus créatifs, plus offensifs. En effet, de par sa position, le cuatro devra penser à faire jouer mais aussi, encore plus souvent que le 10, faire jouer ceux qui devront faire jouer ensuite.




Les débuts

Arrivé au Barça à l'âge de 11ans il y fera toutes ses classes jusqu'à atteindere l'équipe première. La dream team de Cruyff est alors source d'inspiration et le prodige commence à se faire connaitre. Maitre du milieu de terrain dès son plus jeune âge, il ne cesse de surprendre, le talent est là indéniable. Déjà, il oriente, propose, repasse, une bouteille d'oxygène pour chacun de ses partenaires. Si il est l'architecte des occasions, il n'en oublie pas non plus d'en être à la finition. Ainsi dès son premier match en équipe première, il marquera son premier but.

Des admirateurs, il en a déjà beaucoup mais son premier fan pourrait bien être Inaki Saez. La même année, il sera intégrer avec l'équipe qui sera championne du monde des -20ans en 1999. Il jouera 25matchs en 3ans et marquera à 7 reprises sous les ordres de l'entraineur basque.

La confirmation

Alors que les blessures récurrentes de Guardiola lui permettent de s'affirmer en obtenant du temps de jeu,  il devra ensuite, malgrè le départ définitif de Pep pour Brescia et une saison 2001/2002 des plus honorables se partager le poste avec le retour de Gaizka Mendieta en Liga pour la saison suivante. Heureusement pour lui, le milieu biscayen ne s'éternisera pas; il ne restera même qu'un an sous les couleurs blaugrana.

Après des saisons de flou ayant vu défiler Carles Rexach ou Louis Van Gaal échouer, Rijkaard et surtout Ronaldinho font leurs apparitions. Xavi est balladé, milieu droit, récupérateur, relayeur ... Le coach hollandais ayant fait appel à son compatriote, Edgar Davids. Un obstacle de plus pour le jeune catalan. Mais rien ne saurait le stopper, le hollandais à lunette imitera le milieu basque et ne passera qu'une seule saison à Barcelone.

Dès la saison suivante, en 2004/2005, Ronaldinho placé plus haut, personne ne vient marcher sur les plates bandes du natif de Terrassa. Les idées du coach paraissent plus claires. En effet, le jeu se met en place. Autour de Xavi beaucoup, faisant même sa première apparition dans les nommés au ballon d'or, pendant que les lumières seront figées sur le prodige brésilien arrivait de Paris qui gagnera le titre France football.

Sur le toit du monde

Comme tout meneur de jeu, les bases du football doivent être plus que maitrisées, quasiment réinventées. Si la grande majorité des actions d'un joueur est " avoir la vision du jeu pour se déplacer / proposer, contrôler, passer " on comprend alors pourquoi tout parait si simple quand le ballon est dans les pieds de ce joueur.

Déjà vu comme le meilleur joueur du monde par certains et venant de gagner l'euro 2008, il va très vite s'affirmer comme le joueur central du projet de Guardiola. Exit Ronaldinho ou autre Deco, le maitre à jouer sera le seul Xavi et personne ne sera plus là pour lui faire de l'ombre. Moins de déséquilibre, de folie, plus de gestion, de tactique, de tiki taka. Iniesta prend désormais place dans l'entre jeu blaugrana, chargé de proposer des solutions, accélérer le jeu quand il le souhaite, porter la balle percuter balle au pied pendant que Yaya Touré joue le rôle de sentinelle. Messi sur une aile, rentre dans l'axe, participe au jeu et apporte ses accélérations, en laissant le soin du débordement à Dani Alves pendant que de l'autre côté, Thierry Henry apporte de la profondeur.

Mais l'amélioration ne va pas s'arrêter là. Malgré un sextuplé historique pour sa première année en tant qu'entraineur, Pep va petit à petit faire rentrer Busquets, Villa et Pedro dans le 11 barcelonais. Yaya Touré, Thierry Henry et Eto'o faisant les frais des choix du nouvel entraineur. Sergio Busquets, d'une science tactique et d'une technique supérieure à l'ivoirien aidera Xavi à se sentir d'autant plus à l'aise à la construction du jeu, avec un Messi replacé dans l'axe apportant un surnombre encore plus conséquent. Le lutin se faufile partout, même entre les défenseurs centraux, a le jeu devant lui et l'organise, le tempère.

Vision du jeu : 20/20

Déplacements : 20/20

Passes : 20/20

contrôle : 20/20

De combien serait-ce disproportionné d'établir de telles notes ?

Et pourtant, résumer Xavi à un simple organisateur serait blasphématoire tant il a été décisif. Si il n'hésite pas à revenir en arrière pour garder la possession de la balle, faire circuler la balle, contourner le bloc, il n'hésite pas à s'amuser à percer une ligne, deux même, passer par dessus, ses changements de rythme sont déroutants, aboutissant à des décalages. Comme si cela ne suffisait pas, les coups de pieds arrêtés sont aussi une de ses forces.

Avancer dans la défense de United avant de servir idéalement Messi ou Pedro en finale de Ligue des champions et 2009 et 2011 ou servir Puyol dans les demi-finales contre l'Allemagne. Aucune équipe ne lui résiste, et toutes tombent face à lui. Xavi est alors aux yeux de tous le meilleur joueur du monde. Tous ... ou presque, malgré le gain de la coupe du monde, et l'envolée lyrique d'Alfredo Martinez lors de son ouverture du score pour la manita, il n'aura pas le désiré ballon d'or

Le Barça a certes, perdu Puyol et Abidal qui leur assuraient leur assise défensive, ainsi que Villa qui écartaient les défenses adverses en s'exportant tout comme Pedro sur les lignes de touches avant de plonger et apporter de la profondeur au jeu catalan. Néanmoins en perdant Xavi, les culés perdent bien plus, leur première défense, la possession du ballon, et le tempo imprimé par son génie, Messi peut marquer toujours plus, Iniesta rentrer dans les meilleures années de sa vie, Busquets peut s'affirmer de plus en plus rien n'y fait. Xavi était ce Barça, le tiki taka. PLUS ! Xavi est le football. Le temps où le Barça ne pouvait être battu, bien que pouvant perdre est révolu.

Les madrilènes, les allemands, les mancuniens et tous ceux qui ont joué contre lui le maudissent, les barcelonais et amoureux de la Roja le portent en triomphe. Les amoureux du football, eux, le pleurent aujourd'hui. Ils pleurent non pas cette machine, nom si vulgaire pour un tel artiste, qu'on pourrait d'avantage comparé à un fauve, placé dans son milieu naturel, si dangereux quand on l'affronte mais pour lequel on ne peut s'empêcher d'avoir une admiration débordante.

Roja Barça Xavi

7 votes. Moyenne 4.43 sur 5.

Ajouter un commentaire