Équipe de France, ou le mauvais chemin de la rédemption. (2/3)

Le deuxième méfait part d'un fantasme - celui d'avoir un joueur étant l'exact opposé de cette génération que l'on dénigre tant : on l'imagine chanter la marseillaise à plein poumon, courir sur tous les bords du terrain défendant ainsi sa mère-patrie, marquer but sur but et stopper net toute offensive (le rugby, le handball et bien d'autres sports se serviront d'ailleurs de cet archétype demandé en football pour attirer les spectateurs et les médias vers eux, pointant le sportif patriote et combatif contre le pauvre footeux)- avant de finir en dépit, en demande de dernier recours, à avoir simplement un joueur qui ne tarie pas d'effort, c'est ce qui donnera le fameux ''A défaut d'avoir du talent, qu'ils mouillent le maillot''.

Il ne s'agit évidemment pas de critiquer l'attitude combative d'un Valbuena par exemple, l'appréciation des joueurs qui se battent est commune sous toutes les latitudes et toutes les cultures, mais plutôt de mettre en évidence un mal qui devient de plus en plus marque de fabrique française à mesure que le football se modernise : la sacralisation du milieu purement défensif. Espèce amené à disparaître dans la nouvelle ère entamé il y a déjà quelques années au profit des Carrick, Busquets, Schweinie et autres. Pendant ce temps, en France, nous rédigeons pavé élogieux sur pavé élogieux à propos de Matuidi, un milieu défensif à l'ancienne. Pourquoi le faisons-nous ? Parce qu'il court. Et ? Et bien c'est tout.... Matuidi court, ce qui en fait un joueur qui se bat pour la France, qui est fier de porter le maillot, qu'on peut supporter. Les vertus de combat, de détermination, de sacrifice effacent ici celles, encore plus essentielles, de relance, de technique, de vision de jeu. Qu'importe que les passes de Matuidi n'aboutissent à rien, tant qu'il s'est battu pour avoir le ballon. Vision beaucoup trop fermé et extrémiste du football, qui ne peut amener à rien sur le long terme dans un football désormais entièrement dédier à la possession, un joueur, aussi parcoureur de kilomètre soit-il, qui ne sait que faire d'un ballon sera un frein pour son équipe. Que dire alors des titularisation telle que celle de Sissoko, véritable non-sens footballistique.

Bien-sûr, ne soyons pas mauvaise langue, si la France comptait dans ses rangs un Busquet ou un Carrick, elle le sélectionnerait sur le champ -quoi que vu le passif international du second j'ai un doute-, et son réservoir est loin d'être conséquent en joueur technique, moins encore en milieu performant, et ne contient qu'une infime parcelle de joueur ayant une bonne intelligence de jeu, elle doit faire avec les moyens du bord, même si certains choix pourraient tout de même être franchement évité (Sissoko toujours, pour ne pas le nommer). Mais tant faire l'apologie de la hargne au football ne peut être que mauvais et enclencher de facto le risque que lorsqu'un joueur talentueux émergera, on ne le trouve pas assez performant car pas assez visible sur le terrain, ou induire une méconnaissance footballistique total de ce type de joueur. Le cas M'villa est flagrant là aussi, lorsque la France entière se touchait sous la couette sur son nombre de ballon touché, sans voir que ce n'était que des ballons joué latéralement ou vers l'arrière, donc totalement inutile.

Lorsqu'une équipe est plus à la recherche de joueur combatif que de joueur talentueux, c'est forcément mauvais signe, surtout par les temps footballistique qui courrent. La nouvelle génération, les Pogba, Varane et autres semblent à même de pouvoir endiguer ce problème. Jeune, technique, intelligent, et de plus en plus réclamés en équipe de France, c'est à eux qu'appartient la mission d'en finir avec certains types de joueurs totalement désuet et problématique dans le football actuel. Mais nous reviendrons sur les promesses de cette jeune génération plus tard.