Équipe de France, ou le mauvais chemin de la rédemption. (1/3)

Le symbole de l'Euro 2012. Au lieu du bilan sportif médiocre, on retiendra l'attitude, une fois encore.

L'histoire, tout le monde la connaît. Après une coupe du monde 2006 dore et déjà inscrite dans le panthéon du sport Français, l'équipe de France va connaître ensuite la débâcle de l'Euro 2008, le traumatisme en 2010, et une nouvelle déroute lors de 2012. Dès le premier échec, il y a désormais cinq ans, le mot est lancé, jeté à la fosse au lion journalistique qui n'auront cesse de le déchirer et déchiffrer à toutes les sauces et dans tous les titres des articles sportifs : rédemption. Suite à la grève du bus deux ans plus tard, il prend alors un sens encore plus fort, une portée encore plus grande, et surtout devient omniprésent dans chaque discussion à propos des bleus qui ont désormais comme mission sacré d'effacer les tords causés et de redorer un blason plus qu'écorner par les événements récents.Le symbole de l'Euro 2012. Au lieu du bilan sportif médiocre, on retiendra l'attitude, une fois encore.


Laurent Blanc en est probablement le symbole ultime. Idéaliste, paternaliste, baigné d'utopie et de bonnes morales, il a le profil-type de ce que la France recherche tristement. Pour voir l'état d'esprit qui régnait à l'époque, et en vérité encore bien présent aujourd'hui,il suffit d'ailleurs de visualiser les interviews, à fortiori les premières, du néo-sélectionneur d'alors. Le jeu, l'efficacité, les titres, la tactique sont totalement relégué au second plan devant l'attitude, les punitions, la demande d'un coté irréprochable chez les joueurs. Des questions aussi vaseuses que non-constructives refont surface, sur la notion de groupes et de clans, l'origine des joueurs, le fait de chanter ou non la Marseillaise. Voilà un peu l'histoire du mandat de Blanc, tenter de transformer l'équipe de France non pas en équipe compétitive mais en gentil boyscouts propre sur eux. Au lieu de remettre en cause le statut d’indélogeable de M'vila, on préfère le congratuler sur le fait d'exiger que les joueurs arrivent à l'heure aux entraînements. Du premier match de l'Euro face à l'Angleterre, on n'analyse pas le manque de profondeur de l'équipe, criant depuis des matchs et inhibant les attaques des bleus, mais bel et bien le geste d'humeur de Nasri lors de sa célébration de but. Le sportif est relégué, oublié, enfoui, seul compte désormais les apparences, seul celles-ci sont regardés, commentés, appréciés.

Le résultat sera celui qu'on connaît, une catastrophe. Le bilan sportif de cet Euro est médiocre, deux défaites, un match nul pour une seule victoire, tandis que du coté du comportement, si cher aux journalistes et au sélectionneur, c'est là aussi une véritable débâcle. Insulte envers les journalistes, le sélectionneur, égos sur-élevés. Évidement, prolongeant l'erreur entamé en 2010, c'es bel et bien ce coté là qui sera pointé du doigt. De ce point de vue-là, le meilleur exemple reste Nasri. Un joueur aux performances médiocres, basant son jeu sur les passes latérales et verticales, ne jouant jamais ou presque vers l'avant, multipliant les touches de balles inutiles, ralentissant considérablement le jeu. De cela, aucun journaliste ne parla. Pas un. On parla de ses insultes en interview, de sa célébration, mais nullement de son jeu. Si bien qu'aujourd'hui, on entends Deschamp dire ''Nasri, je souhaite lui laisser une seconde chance, son état d'esprit a changé, je veux voir comment il se comporte avec moi''. Misère.... Même si Nasri était désormais le footballeur à l'état d'esprit le plus irréprochable de l'histoire du football ne changerait rien au fait qu'il ne doit jamais retrouver une place dans l'Equipe de France, pour la simple et bonne raison qu'il n'en a absolument pas le niveau, et que c'est une épine dans le pied déjà bien souffrant d'un hypothétique jeu que l'on tente de mettre en place.

Voilà l'un des méfaits de cette quête à la vertu, ce non-regard porté sur le sportif entraîne quelques décisions et surtout d'énormes non-prise de conscience sur la réalité du terrain. Nasri, Benzema, le jeu de Laurent Blanc, celui de Deschamp, M'vila, sont tous passé entre les mailles du filet parce qu'on a préféré bêtement regarder ailleurs, obsédé par quelque chose dont l'on se fiche éperdument en football.

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