La Serie A 2014-15 sur la ligne de départ

Après une déroute au Brésil, le football italien se remet péniblement en route pour cette nouvelle édition, la 113ème. Après une journée, les leaders s'appellent AC Milan, Juventus ou encore Roma. Et même si la Serie A n'est plus le championnat écrasant le football mondial d'il y a vingt ans, profitons quand même de cette trêve internationale pour analyser les forces en présence.

Scudetto : l'année de la Roma ?

Même si on aime bien se dire ça en été du côté des giallorossi, cette saison 2014-2015 pourrait réellement être celle du titre pour la Roma qui l'attend depuis 2001. Après une excellente deuxième place l'an dernier, la Magica s'est renforcée intelligemment avec les arrivées de Cole, Keita ou Iturbe. Surtout, elle n'a subi qu'un départ majeur, celui de Benatia, intelligemment remplacé par Astori et Manolas. L'effectif est complet et talentueux, et on l'a vu dès la première journée avec une victoire contre la Fiorentina. Seule interrogation, l'impact avec la Champion's League, une compétition qu'on ne joue plus depuis quatre ans du côté de Trigoria.

Mais attention à ne pas déjà se croire champions pour les romanisti, car l'autre grandissime favori, c'est bien évidemment la Juventus. Malgré les rumeurs habituelles, Pogba, Vidal et compagnie sont encore bien là, et le banc a été intelligemment renforcé avec Romulo et Pereyra, en plus du pari Morata devant. La grande interrogation, c'est le nouveau coach, Allegri, qui reste sur une expérience pour le moins mitigée au Milan et conclue sur un licenciement. Il faudra également voir si après une année record (102 points !), les bianconeri ont encore faim de victoires domestiques et ne se concentreront pas plus sur l'Europe. Mais dans le cas contraire, la Juve représentera encore une fois un prétendant naturel au titre.

Derrière ces deux équipes, on trouve une série d'outsiders qui semblent sérieusement distancés. Le Napoli n'a pas beaucoup bougé au mercato et après son élimination de Champion's League, on ait peur qu'il doive plus regarder derrière que devant et que le scudetto ne soit pas encore d'actualité. La Fiorentina semble encore trop fragile et inconstance pour pouvoir espérer mieux qu'une place sur le podium, qui serait déjà une grande satisfaction. L'Inter apparaît très équilibrée et complète, reste à voir si la mayonnaise prendra et si l'effectif sera suffisant pour titiller les deux favoris. Le Milan, lui, est encore trop en crise pour rêver de titre, tout comme la Lazio qui n'apparaît pas avoir les armes suffisantes. Ces équipes évoluent un voire deux crans en-dessous.

Champion's League : la bagarre

Comme tous les ans depuis que l'Allemagne a dépassé l'Italie au ranking UEFA, c'est pour la troisième place synonyme de préliminaire de Champion's League qu'on trouve la plus grosse lutte. Si on considère que la Juventus et la Roma devraient occuper deux places sauf grosse surprise, il en reste au moins quatre autres derrière. Le Napoli, titulaire de la place, est le premier prétendant, mais il y souffle depuis quelques temps un vent de pessimisme. Contestation de certains joueurs, défense friable, élimination dès les barrages, et la victoire très poussive face au Genoa à la première journée n'a rien arrangé. Cependant, l'effectif partenopeo, notamment devant, reste très étoffé et ne devra pas être sous-estimé.

La Fiorentina continue elle d'intriguer. Après un parcours presque parfait lors des amicaux (dont une victoire de prestige contre le Real) et le maintien de Cuadrado dans l'effectif, on s'attend à voir une Viola conquérante, mais sa première à l'Olimpico a été inquiétante et Rossi a fait une rechute qui le tiendra éloigné des terrains cinq mois. Montella prévoit un changement tactique du 3-5-2 ou 4-3-3 au 4-3-1-2, il faudra voir si cela fonctionne mais si elle arrive à régler son inconstance et ses soucis défensifs, la Fiorentina sera sans aucun doute très bien placée pour atteindre le tour préliminaire de l'Europe des grands.

L'Inter, elle aussi, suscite la curiosité. Cet été a eu lieu un gros renouvellement avec les départs de quatre monstres sacrés comme Cambiasso, Samuel, Milito et Zanetti, et de nombreuses recrues sont arrivées en contrepartie : Vidic, Medel, M'Vila, Osvaldo... Un gros chamboulement a eu lieu dans l'effectif afin de satisfaire Mazzarri, et même si tous les objectifs de mercato n'ont pas été atteints (en arrivée comme en partance), la qualité mais aussi la quantité semblent au rendez-vous chez les nerazzurri. À eux désormais de faire tourner la machine, quand on s'appelle l'Inter et que le nouveau capitaine Ranocchia parle déjà de scudetto, on sait que les attentes seront bien au rendez-vous.

Le Milan, de son côté, est peut-être le plus gros point d'interrogation dans la Botte. Après une des saisons les plus noires de son histoire, le Diavolo repart de zéro ou presque sans coupe d'Europe et avec Pippo Inzaghi sur le banc. Malgré les moyens très limités, l'effectif a été sérieusement chamboulé avec une quinzaine de départs et une douzaine d'arrivées, dont quatre ou cinq potentiels titulaires. La première contre la Lazio a été une franche réussite, à tel point que les rossoneri occupent en ce moment la tête du classement. Mais les dernières années induisent au pessimisme et avec en vue un déplacement à Parma et la réception de la Juve, il faudra encore attendre plusieurs semaines pour jauger d'une meilleure façon ce Milan.

La Lazio clôt la marche des sept "sœurs" de cette Serie A 2014-2015. Elle aussi sort d'une saison décevante et s'est donc renforcée en conséquence : Basta, De Vrij, Parolo, Djordjevic notamment, tout en conservant ses meilleurs joueurs comme la pépite Keita Baldé ou les deux finalistes du Mondial Biglia et Klose. Mais après une volée 7-0 infligée à Bassano en coupe, elle a chuté à San Siro où malgré des occasions, elle a été globalement dominé dans le jeu et l'intensité par le Milan. Vu l'ampleur qu'est en train de prendre la Roma, pas de temps à perdre pour les rivaux de la capitale.

Europa League : le lot de consolation

Dans la course à la petite Europe, on devrait logiquement retrouver un mélange entre les ratés des équipes ci-dessus et les clubs de milieu de tableau qui arriveront à enclencher une bonne dynamique. Parmi eux, le Torino qui a accroché la qualification dans les tribunaux et s'est déjà qualifiée pour les poules. Cependant, les matchs tous les jeudis et surtout la perte du duo Cerci-Immobile pourrait handicaper sérieusement les hommes de Ventura, malgré les arrivées entre autres de Quagliarella, Amauri et Sanchez Mino.

Le Parma est aussi attendu au tournant, mais après avoir été privé par l'UEFA d'une qualification en coupe d'Europe gagnée sur le terrain, il souffle un vent de pessimisme en Émilie. Les départs n'ont pas été trop importants et Biabiany est finalement resté après avoir été officlalisé par le Milan, mais l'enthousiasme a disparu et la défaite sur le terrain de Cesena en atteste. On s'attend à une saison anonyme pour les crociati.

On a ensuite un gros groupe d'équipes comme le Verona, la Sampdoria, le Genoa, l'Atalanta ou l'Udinese, disposant d'effectifs intéressants et susceptibles de jouer les trouble-fêtes si une bonne dynamique se met en place. Bien que premier non-relégable l'an passé, le projet 100% italien de Sassuolo semble également intéressant avec des éléments comme Consigli, Zaza ou Berardi.

Le maintien : les promus en danger

Même s'il est là aussi probable que plusieurs clubs suscités en viennent à devoir lutter pour le maintien jusqu'au bout, on peut déjà identifier quatre équipes qui semblent moins bien armées que les autres pour cette bataille. Il s'agit des trois promus, Palermo, Empoli et Cesena, ainsi que du Chievo. Malgré un soutien local important, les rosanero n'ont pas réussi à recréer la ferveur de la montée d'il y a dix ans et ont réalisé un mercato décevant, semblant même se déforcer plutôt que se renforcer. Empoli et Cesena, quant à eux, sont des équipes provinciales dirigées par des entraîneurs au point tactiquement et chevronnés, mais semblent cruellement manquer de qualité pour pouvoir rester en Serie A sans gros effort. Même discours pour le Chievo qui semble s'enliser d'année en année et est sans doute parti pour lutter encore plus que l'an passé s'il veut poursuivre sa belle aventure en première division.

Et l'Europe dans tout ça ?

Car oui, même s'ils ne font plus partie du gotha européen, les clubs italiens continuent de participer aux joutes continentales en tant que très sérieux outsiders. Après avoir été dépassée par le Portugal à l'indice UEFA, la Serie A a le devoir de reprendre au moins la quatrième place, une tâche qui semble à sa portée. Pour cela, deux clubs sont engagés en Champion's League, et quatre en Europa League.

En C1, on retrouve la Juventus et la Roma. Après la déception de l'an dernier (élimination en poules), la Juve désormais dirigée par Allegri a la volonté de se reprendre et d'enfin redevenir un cador à l'échelle européenne. Tombée dans la poule du vice-champion l'Atlético, les autres équipes se nomment Olympiacos et Malmöe, deux adversaires à prendre au sérieux pour ne pas répéter la déconvenue de l'an dernier. Si les bianconeri arrivent en huitièmes, tout dépendra ensuite du tirage et de la dynamique de l'équipe, mais sans parler de victoire finale, la sensation est que la Juve a les moyens de créer la sensation. Discours plus compliqué pour la Roma qui, pour son retour sur la grande scène européenne, se retrouve dans le groupe de la mort en compagnie du Bayern, de Manchester City et du CSKA Moscou. Malgré ce tirage, nulle doute qu'elle vendra chère sa peau et quand on connaît la difficulté de s'imposer à l'Olimpico, réaliser la même performance que le Napoli il y a trois ans n'est pas impossible. Dans le cas contraire, il faudra essayer d'être au moins reversé en C3.

C3 dans laquelle on trouve, comme représentants italiens, le Napoli, la Fiorentina, l'Inter et le Torino. Sans s'attarder sur la composition de leurs groupes, on peut dire que si cette compétition est enfin prise au sérieux, ils sont tous à leur portée. Avec la possibilité d'accéder directement en Champion's League en cas de victoire finale et, pour l'Inter, de devenir le club le plus titré de l'histoire de la compétition, on espère que l'Europa League sera enfin prise plus au sérieux par les clubs italiens (Fiorentina excepté), même si cela n'excuse pas toutes leurs déroutes de ces dernières années.

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