La Juventus Turin, mythe et réalité !
- Le 04/06/2015
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Rendez-vous historique !
La Juventus Turin, championne d' Italie avec dix-sept points d'avance sur son dauphin l' AS Rome s'est adjugée son quatrième scudetto de rang, avant de remporter la dixième Coupe d' Italie de l' histoire du club (2-1 ap, face à la Lazio Rome), la première depuis vingt ans après trois finale perdues (2002-2004-2012). Les joueurs de Massimiliano Allegri ont déjà réussis une superbe saison avec ce doublé et avec la finale de Ligue des Champions en point de mire, ce samedi 6 juin 2015 contre le FC Barcelone, les Bianconeri pourrait en cas de victoire entrer encore un peu plus dans la légende du football mondial en réussissant le premier triplé (LDC, Serie A, Coupe d' Italie) de l' histoire du club, ...l' histoire d'un mythe...
L' ADN Juventus !
Dès sa création, le 1er novembre 1897, le "Sport Club Juventus" est déjà un club à part, pas tant pour ses performances sur le terrain mais plutôt par la jeunesse de ses fondateurs, un groupe de treize lycéens âgés de 14 à 17 ans, d' où le nom Juventus (Jeunesse en latin), et surtout pour ses tenues, chemises roses et cravates noires !!
Un détail à l' importance cruciale: en 1903, John Savage, joueur de l' équipe, envoi une chemise sale et usagée à un ami de Nottingham qui tient une fabrique à maillot en lui demandant notamment une teinte plus sombre. Celui-ci, par méprise va renvoyer un jeu de maillot identique à celui de Notts County qui évolue alors en noir et blanc. Les joueurs de la Juve sont dégoutés mais l'année suivante le club remporte son premier scudetto et les couleurs sont définitivement adoptées. Les Bianconeri s' installent doucement parmi les meilleures équipes du Calcio mais devront patienter vingt ans pour accrocher un autre titre de Champion (1926).
La Renaissance.
Le 24 juillet 1923, la famille Agnelli, créatrice et propriétaire de Fiat rachéte le club, c'est un tournant historique. Les dirigeants, Edoardo Agnelli en tête vont dès lors s'evertuer à professionnaliser toutes les structures du club en offrant des primes et même des automobiles de la firme aux joueurs, mais aussi en construisant un nouveau stade. La Juve est en marche vers son histoire et seulement trois ans plus tard (1926) elle s'offre donc son deuxième scudetto. Puis entre 1931 et 1935, elle remporte cinq titres de champions d'affilés, et finit de parfaire cette identité unique, universelle, intemporelle qui est encore aujourd' hui la sienne.
Tout d'abord, pour ce lien très étroit qu' elle a toujours eu avec la Squadra Azzura qui était d' ailleurs surnommé à cette époque "Nazio-Juve", en référence au grand nombres de joueurs Bianconeri retenus en séléction, lien pérpetuel puisque la Juve est la seule équipe d' Italie à avoir pourvu la "Nazionale", lors de chacune des Coupes du Monde FIFA depuis 1934. Elle compte en outre vingt-quatre joueurs, toute nations confondues, sacrés Champion du Monde alors qu'il évoluaient à la Juve, parmi lesquels Giampiero Combi, Giovanni Ferrari, Raimundo Orsi avec l' Italie en 1934 ou encore Didier Deshamps et Zinedine Zidane avec la France en 1998.
Mais aussi, pour ce lien profond avec sa région, le Piémont et toute l' Italie. Alors que les Turinois considèrent en grande majorité que le Torino est le "vrai" club de la ville, surement par rapport au fait qu' il fût le premier, fondé en 1894, qu' il est considéré comme plus populaire mais surtout par son histoire faite de gloire et de tragédie, la Juve est elle l' équipe qui compte le plus de tifosi à travers l' Italie, environ douze millions. De par son apport à la Squadra Azzura mais aussi par rapport au grand nombre d' immigrés Italiens, venus principalement de Campanile et de Sicile dans les années trente pour travailler dans les usines Fiat et qui sont devenus Bianconeri de coeur. Depuis, elle a gagné le titre de "Fidanzata d' Italia" (la fiancée de l' Italie).
La Juventus Turin, c'est aussi une aura internationale, représenté, comme nous l'avons vu, lors de chacune des Coupes du Monde FIFA depuis 1934, elle a aussi vu sept de ses joueurs être sacrés Ballon d' Or, Omar Sivori (1961), Paolo Rossi (1982), Michel Platini (1983-1984-1985), Roberto Baggio (1993), Zinedine Zidane (1998), Pavel Nedved (2003) et Fabio Cannavaro (2006). Cependant, un peu comme en Serie A, la Juve va mettre plusieurs années à gagner ses lettres de noblesses en compétitions européenees.
La vieille dame à l' assaut du vieux continent !
Il faudra attendre la quatrième édition (1958-59) de la feu, Coupe des Clubs Champions aujourd' hui Ligue des Champions pour voir la première participation de la Juve. Alors déjà vaiqueur de dix scudetto et deux Coupes d' Italie, les Bianconeri ont toutes les raisons d' aborder la compétition avec confiance. En seizième de finale (qui était un tour préliminaire à l'époque), la Juve reçoit le Wiener Sport-Club au match aller et s' impose 3 buts à 1. Au retour, à Vienne les Autrichiens explosent les Turinois (7-0); l' apprentissage est chaotique.
La Juve qui va réussir à se hisser en quart de finale pour sa troisième participation (1961-62) est éliminé par le Real Madrid (1-0; 0-1), victoire (3-1) du Real, lors du match d'appui joué à Paris, et mettra cinq ans avant de retrouver la C1; en 1967-68 les Bianconeri vont atteindre les demi-finales, éliminés par le Benfica du grand Eusebio (2-0; 1-0).
De nouveau cinq ans d'attente avant un retour fracassant (1972-73), les Turinois vont jusqu' en finale, la première de l' histoire du club face à la fantastique équipe de l' Ajax Amsterdam, double tenant du titre et qui compte parmi ses joueurs, quatres légendes, Ruud Krol, Johnny Rep, Johan Neeskens et surtout Johan Cruijff, sans oublier un coach visionnaire, le Roumain Stefan Kovacs. Les Bianconeri, emmenés par le gardien de but Dino Zoff qui joue sa première saison à la Juve, transfuge du Napoli, mais aussi par les attaquants Roberto Bettega, José Altafini, les milieux de terrains Giuseppe Furino et Fabio Capello sous les ordres du Tchèque, Cestmir Vycpalek vont voir Rep ouvrir la marque dès la 4ème minute de jeu pour l' Ajax. Plus rien ne sera marqué, les Hollandais remportent leur troisième C1 de suite et la Juve continue son apprentissage.
Dix ans d' attente pour une autre finale.
La Juve qui est devenue candidat régulier en C1 va réussir à aller jusqu' en demi-finale pour sa huitième participation à l' épreuve (1977-78), éliminé par le FC Bruges (1-0;0-2). Lors de la saison 1982-83, dix ans après sa première finale la Juve retrouve les sommets, cette fois-ci face au Hambourg SV emmené par Horst Hrubesch et Felix Magath et coaché par Ernst Happel, les Piémontais, sous les ordres de Giovanni Trappatoni et avec une équipe de grand talent, Platini, Boniek, Rossi, Tardelli, Bettega, Cabrini, Gentile et un Dino Zoff qui joue sa dernière saison pour la Juve vont buté sur les Allemands, défaite (1-0), but de Magath (8ème) et deuxième finale perdue pour les Bianconeri.
Le Heysel, finale tragique !
Deux ans après la finale contre Hambourg, la Juventus, avec sa génération dorée, sans doute l' une des meilleurs de l' histoire du club va de nouveau se hisser en finale pour sa douzième participation à l'épreuve, la trentième édition (1984-85). Zoff, Bettega ne sont plus là mais de jeunes joueurs de talent, Scirea, Prandelli prennent la reléve. En seizième de finale, la Juve élimine les Finlandais du FC Ilves Tampere (4-0;2-1), en huitième face aux Suisse du Grasshopper Zurich les Italiens s'imposent (2-0;4-2). En quart de finale, se sont les Tchèques du Sparta Prague qui tombent (3-0;0-1) et en demi, les Girondins de Bordeaux qui s' inclinent (3-0) au match aller à Turin et qui malgré une victoire (2-0) au retour à Bordeaux sont éliminés par la Juve.
Le drame !
Le 29 mai 1985, au stade du Heysel de Bruxelles, La Juventus Turin affronte Liverpool, tenant du titre en finale de la Coupe d' Europe des Clubs Champions (Ligue des Champions) devant 59 000 spectateurs. Alors que la rencontre ne doit débuter que dans une heure, des tensions entre supporters des deux équipes se font sentir, au point que les Anglais finissent par charger les Italiens, ceux-ci contraint de reculer face à l' extrême agressivité des assaillants se voient bientôt acculer, coincé entre un murêt qui finira par s' effondrer sous le poids des tifosis et un grillage, contre lequel de nombreux supporters vont étouffer et trouver la mort. Il y 'aura au total 39 morts et plus de quatre-cents blessés.
Monsieur Daina, l' arbitre Suisse de la rencontre, sous la pression des organisateurs va néanmoins donner le coup d' envoi d' un match qui aurait sans nul doute, dû être reporté ou même annulé. La Juve, à la faveur d' un penalty pour une faute sur Boniek, un bon métre en dehors de la surface de réparation et transformé par Platini (56ème), s' offre sa première Coupe aux grandes oreilles, une victoire bien triste; le trophée sera remis sans céremonie dans un couloir des vestiaires.
L' équipe de la Juventus: Stefano Tacconi; Luciano Favero, Antonio Cabrini, Sergio Brio, Gaetano Scirea; Massimo Bonini, Michel Platini, Marco Tardelli; Massimo Briaschi (84ème, Cesare Prandelli), Paolo Rossi (89ème, Beniamino Vignola), Zbigniew Boniek. Entraineur: Giovanni Trapattoni.
(Photo: UEFA.com)
Il faudra onze ans à la Juve pour rejouer une finale de Ligue des Champions. Et seulement deux participations depuis la finale du Heysel (1985-86), eliminé en quart de finale par le FC Barcelone et (1986-87), eliminé en huitième de finale par le Real Madrid. Pour sa quinzième participations, lors de la 41ème édition (1995-96), la Juventus va de nouveau atteindre la finale. Sorti du groupe C devant le Borussia Dortmund, le Steaua Bucarest et les Glasgow Rangers, la Juve va se défaire du Real Madrid en quart de finale (0-1;2-0), avant de sortir le FC Nantes en demi-finale (2-0;2-3).
Le 22 mai 1996, au Stadio Olimpico de Rome, devant 67 000 spectateurs, la Juventus Turin et l' Ajax Amsterdam se retrouvent en finale de la Ligue des Champions vingt-trois ans après pour la revanche de la finale de 1973, remportée par les Bataves. Dès la 12ème minute de jeu les Bianconeri ouvre la marque par Fabrizio Ravanelli mais à la 41ème, Jari Litmanen égalise pour l' Ajax; 1-1 ap, direction la séance de tirs au but. Alors que Davids et Silooy vont rater pour l' Ajax, les quatres tireurs Bianconeri (Ferrara, Pessotto, Padovano, Jugovic) transforment leur tirs au buts et permettent à la Juve de soulever sa deuxième Ligue des Champions, et fêter cette fois-ci l'événement comme il se doit.
L' equipe de la Juventus: Angelo Peruzzi; Moreno Torricelli, Ciro Ferrara, Pietro Vierchowod, Gianluca Pessotto; Antonio Conte (44ème, Vladimir Jugovic), Paulo Sousa (57ème, Angelo Di Livio), Didier Deschamps, Alessandro Del Piero; Gianluca Viali, Fabrizio Ravanelli (77ème, Michele Padovano). Entraineur : Marcelo Lippi.
(Photo: UEFA.com)
Lors des deux éditions suivantes, la Juve va se hisser en finale battu en 1997 par le Borussia Dortmund (1-3) et en 1998 par le Real Madrid (0-1), puis en demi-finale en 1999, battu par Manchester United (1-1;2-3) avant de retrouver la finale, la septième de l' histoire du club en 2003 face à l' AC Milan, match nul 0-0 après prolongations, (3-2 tab) pour l' AC Milan. Depuis, les Bianconeri patiente n' ayant pu faire mieux que trois quarts de finales, le dernier en date en 2012-13, eliminé par le Bayern Munich (2-0;2-0).
Pour cette soixantième édition de la Ligue des Champions, la Juventus Turin, que bien peu d' observateurs avaient imaginés se hisser en finale, a cependant réussi, sortant deuxième du groupe A derrière l' Atletico Madrid et devant l' Olympiakos et Malmö, les Turinois ont éliminés le Borussia Dortmund en huitième de finale (2-1;3-0), l' AS Monaco en quart (0-0;1-0) et le Real Madrid en demi (2-1;1-1) pour se retrouver confronter en finale face au FC Barcelone ce samedi 6 juin. Encore une fois, mais c'est fort logique face aux Catalans, la Juve est dans la peau du challenger et devra être au top pour espérer face au Barça.
A l' Italienne !
La Juventus Turin est une équipe à la forte identité Italienne, pour preuve à l' heure de la mondialisation à outrance dans le football, la vieille dame compte quinze joueurs Italiens sur vingt-sept dans l' effectif professionnel. Elle a aussi la particularité d' avoir eu dix-huit capitaines, tous Italiens, parmi lesquelles, Buffon, Del Piero, Conte, Vialli, Baggio. Mais la Juve, c' est aussi une vraie philosophie du football en général et du jeu en particulier, avec une façon de faire à tous les niveaux bien propre à la Vieille dame.
Nous pourrions parler du Juventus Stadium dernier écrin des Bianconeri qui y réside depuis 2011 et dont la capacité est de 41 000 places, mais aussi du camp d'entrainement de Vinovo à une quinzaine de kilomètres de Turin, l' un des plus modernes au monde d' une superficie de 140 000 m2 dont 6000 couvert et en pelouse synthétique. Mais parlons plutôt des grands hommes qui ont fait la Juve.
A commencer par un joueur, peut-être pas le plus talentueux d' entre tous mais le plus représentatif de l' amour du maillot et de l' amour pour la Juve. Alessandro Del Piero, recordman des matches joués (705) et recordman des buts (291). Un entraineur, Giovanni Trapattoni, 14 titres en 13 saisons mais aussi et surtout un président d' honneur, à jamais premier tifoso de la Vielle Dame, Giovanni Agnelli qui est celui qui a sans doute le mieux résumé ce que peut être l'amour pour ce club à travers une phrase devenue culte: "Je suis même ému lorsque je vois la lettre J dans un journal".
(Photo: UEFA.com)
Aujourd' hui avec cette finale en point de mire les Turinois sont de retour parmi l' élite du foot Européen et bien qu' outsider les Bianconeri seront prêt pour ce rendez-vous. Avec une semaine complète d'entrainement et tous les cadres qui devraient être présent, les joueurs de Massimiliano Allegri joueront sur leur points forts, la combativité, la discipline et une capacité à faire déjouer ses adversaires, mais aussi une très bonne défense, un excellent milieu de terrain et un Carlos Tevez en grande forme quand aux point faibles, on peut aisément les restreindres à la présence de Lionel Messi au FC Barcelone.