L'Euro de la discorde ?
- Le 15/06/2015
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La Coupe d'Europe démarre dans moins d'un an dans nos frontières et les deux grands chantiers ont déjà commencé et le moins que l'on puisse dire, c'est que des voix commencent déjà à s'élever contre un football pas très sport.
Les grands travaux de l'Euro 2016 ont débuté, la France et les Français sont en capacité de se poser bon nombre de questions à moins d'un an du coup d'envoi. Après un rendez-vous brésilien encourageant pour les Bleus de Didier Deschamps qui connaissent une campagne de préparation pas top, l'équipe peine à confirmer tout le bien que l'on pensait d'elle. Mais s'il n'y avait que cela...
C'est au niveau de l'organisation que tout ne se passe pas comme prévu : des stades plus chers qu' annoncés, des coûts pour le contribuable, des cadeaux pour l'UEFA, bref c'est un peu la pagaille à un an de l'Euro. Explications.
Avant tout une fête populaire
Le 28 mai 2010, la France a été désignée pays hôte de l'Euro 2016. Une bonne nouvelle pour le sport français en général et surtout pour le football tricolore après l'organisation des éditions 1960 et 1984 de la compétition continentale, dans laquelle on a vu un certain n°10 tricolore soulever le trophée dans un Parc des Princes Bleu-Blanc-Rouge. En 1998, la Coupe du Monde avait réuni le peuple français sous le slogan populaire "Black-Blanc-Beur" aux couleurs d'une équipe reflétant la diversité de la nation. 2016, la France va encore vibrer football, mais pas seulement. Car à partir de septembre, la France, du Basket cette fois-ci, va tenter de défendre sa couronne européenne. 2019 aussi va être sport avec la Coupe du Monde de Football féminin, et pourquoi pas les JO 2024, pour laquelle la France a posé sa candidature. Bref que de sport en France et c'est bon pour le spectacle. Pour en revenir au football, cela permettrait sans doute de doper les affluences des stades, avec la modernisation du parc sportif mais aussi pourquoi pas d'attirer des investisseurs étrangers et à terme concurrencer sur la durée les plus grands championnats européens.
Scène de liesse devant l'Arc de Triomphe à Paris, un soir de juillet 1998.
La réalité économique
Comme à chaque grand événement sportif international, le pays hôte a droit à son lifting grandeur nature. Pour l'Euro, ce ne sont pas moins de quatre stades sortis de terre (Lille, Nice, Bordeaux et Lyon) et des rénovations (Lens, Paris, Saint-Etienne et Marseille). Bonne nouvelle pour le football français, qui voit son parc entrer dans la nouvelle ère de la modernisation et connaîtra une augmentation des affluences, un peu comme en Allemagne après l'organisation du Mondial 2006. Mais c'est sans rappeler que cela a un coût. Après des études menées par la Cour des Comptes, la facture initiale s'élevait à 290 Millions d'Euros, sauf qu'en réalité l'organisation de l'Euro coûtera 2,5 Milliards d'Euros. Dur. Quant aux affluences, rien n'est certain car beaucoup de facteurs entrent en compte. Le plus important relève du sportif. Si le spectacle sportif n'est pas au rendez-vous, le public le sera encore moins. Des clubs comme le Paris Saint-Germain ou l'Olympique de Marseille n'ont pas de souci à se faire tant ils sont populaires, les inquiétudes seront de mise pour l'OGC Nice par exemple, qui n'arrive pas à remplir son nouvel écrin. Plus inquiétant encore pour le RC Lens qui, au niveau sportif proposera un spectacle de seconde catégorie du fait de sa récente descente en Ligue 2 et de son avenir incertain dans le sport professionnel. Cela nous rappelle les cas de Grenoble et du Mans. Ces deux villes disposent de stades modernes ( Stade des Alpes, 20 000 places et le MMArena du Mans, 25 000 places) alors que les locataires évoluent depuis, au niveau amateur. Pour faire vivre ces stades, les villes les font louer de manière occasionnelle, comme au Mans par exemple, sinon les loyers sont gérés par les communes et donc par le contribuable. En gros, c'est bien beau de voir tout en grand, mais encore faut-il faire des études précises car à la fin, ce sont toujours les mêmes qui trinquent.
UEFA=FIFA ?
Au début du mois, le scandale de la FIFA a été mis à jour suite à une enquête diligentée par le FBI. On se croirait dans "Esprits Criminels". De la corruption, du racket, des pots de vins, des attributions douteuses... Bref un beau bordel. C'est aussi amusant d'observer que l'actuel président de la UEFA, le français Michel Platini, a été le conseiller spécial d'un certain... Sepp Blatter. Pas d'accusations gratuites mais bon le doute persiste, surtout quand on apprend que l'UEFA investira près de 20 Millions d'Euros aux villes hôtes alors que l'Etat français (comprenez le contribuable), investira plus de 3 Milliards. Sachant que l'organisation européenne se fait plus d'un milliard de recettes par an, grâce aux droits de la prestigieuse Ligue des Champions, ne paiera pas d'impôts. Comprenez l'erreur..
Ces épisodes nous rappellent l'organisation de la dernière Coupe du Monde. Au Brésil, l'année dernière, le Mondial a provoqué la grogne des brésiliens pourtant grands fans de football, à cause de son coût exorbitant, alors que les infrastructures de base comme les hôpitaux, les écoles, n'étaient pas au niveau et que le coût des services publiques a considérablement augmenté pendant que de l'autre côté, l'Etat a débloqué des fonds pour des stades comme celui de Manaus (Arena Da Amazônia) et de Brasilia (Estadio Mané Garricha), dont les devenirs sont plus qu'incertains.