L'Athletic (Bilbao) continue son ascension

Vainqueur 3.1 dans son nouveau San Mames face à Naples, l'Athletic retrouve la Ligue des Champions 16ans après sa dernière participation à la plus prestigieuse compétition européenne et ce n'est pas un hasard. En effet le club basque travaille depuis des années sur sa restructuration.

Quand on parle de ce club, on parle tout simplement du troisième palmarès de Liga ( 24 coupes du Roi et 8 Ligas ) d'un club n'ayant jamais été relégué, d'une philosophie, d'un stade, d'un public, de Pentland, de Pichichi, Zarra, Iribar, Clemente ou plus récemment Julen Guerrero. Le club a traversé les âges, victorieux jusque dans les années 80 face à Maradona ou Schuster. Malheureusement clap de fin de titres pour ce club qui verra ensuite la Basquelona se former sous les ordres de Johan Cruyff avec "ses" Zubizarreta ou Salinas. Le Barça avec qui l'Athletic était jusque là au coude à coude allait prendre son envol, alors que le Real Madrid allait revenir au sommet. Les deux clubs se partageant la quasi totalité des titres des années 90'.

La fin des années 2000 sonne la retraite de la génération victorieuse de Luis Fernandez. Oscillant entre des places dans le ventre mou ou en Europa League durant près d'une décennie sous la coupe de Jupp Heynckes ou d'Ernesto Valverde le club allait éviter de peu la relégation suite notamment à la retraite d'un symbole, Julen Guerrero.

Cette même année 2007 Macua est alors élu président et la restructuration commence. Joaquin Caparros élu entraineur a dans ses mains une nouvelle génération talentueuse sortie de Lezama. Fernando Llorente s'affirme alors comme le remplaçant naturel du vétéran Ismael Urzaiz. Susaeta ou Amorebieta sont également de la partie; Javi Martinez recruté l'année d'avant à Osasuna confirme les espoirs placés en lui. Ces jeunes pousses viennent alors compléter les joueurs confirmés que sont Asier Del Horno ou Iraola encadrés par les vétérans Orbaiz, Yeste ou Joseba Etxebarria. Obtenant une onzième place lors de la saison 2007/2008 ces jeunes joueurs vont continuer de progresser allant jusqu'en finale de coupe du roi l'année d'après contre la Pep Team.

L'équipe continuera de progresser et parviendra à finir huitième en 2010 puis sixième en 2011 se qualifiant ainsi pour l'Europa League.

Comme tous les quatre ans les socios élisent le président du club. Urrutia, ancien joueur du club et capitaine durant les années 90' se présente et amène dans ses bagages Marcelo Bielsa. Le centre de formation déjà performant va être perfectionné. L'argentin apportant un oeil neuf, de nouvelles idées qu'il partagera avec Irureta et Amorrortu alors directeurs sportifs et ayant fait leur preuve comme tel à l'Atletico Madrid ou comme entraineur au Deportivo la Corogne pour le premier cité.

L'année 2011/12 va voir le retour des zurigorri au premier plan. Les basques vont charmer l'Europe autant que martyriser les équipes rencontrées en Europa League. Le PSG, Manchester United, Schalke ... Seul le nouvel Atletico de Simeone parviendra à stopper les ardeurs d'une équipe à bout de souffle en fin de saison en s'imposant en finale sur le lourd score de 3.0. Un score de nouveau infligé par le Barça en finale de coupe du roi.

Si de l'extérieur la beauté du jeu séduit, à l'intérieur le groupe est à bout. Les séances d'entrainement d'El loco ne laissent pas insensible et les têtes semblent aussi traumatisées que les corps.

Le club devra faire face au départ de Javi Martinez pour le Bayern Munich. La pièce angulaire de l'équipe replacé en défenseur central s'en va et comme si cela ne suffisait pas, Llorente refuse également de prolonger son contrat.

Dans toute cette confusion les biscayens vont laisser comme dernière saison à San Mames beaucoup de frustration où seuls Ander Herrera arrivait à l'été 2011 et Aduriz tout juste de retour donneront satisfation.

Le temps de Bielsa s'achève ici sur un bilan mitigé, connaissant des bévues à moyen terme mais qui aura donné des résultats à court terme et une base pour le long terme. Qu'importe, le carnet d'adresse d'Urrutia est large. On compte faire revenir un ancien de la maison en la personne d'Ernesto Valverde qui se permettra le luxe de refuser une nouvelle fois le Barça pour revenir chez lui.

Txingurri apportera un équilibre à l'équipe; Elle qui était habituée à un pressing tout terrain troquera quelque peu son marquage individuel pour un marquage en zone. Les compensations sont plus visibles, le bloc plus compact. A souligner également la venue de Mikel Rico, apportant de la puissance au milieu et permettant à Iturraspe d'exploser alors que le retour de prêt de Balenziaga permet à l'équipe de trouver un véritable latéral gauche et qu'un certain Aymeric Laporte confirme les espoirs placés en lui. Plus solide que sous les années Bielsa, l'Athletic version Valverde parvient à une quatrième place bien méritée.

Avec la perte d'Ander Herrera et la non acquisition d'un milieu de terrain ( Arteta, Illarramendi ) ou de Nacho Monreal le club basque se voit obligé de compter sur ses jeunes joueurs; Le retour d'Aurtenetxe prêté au Celta Vigo ou encore Erik Moran qui a déjà bénéficié de la confiance d'Ernesto Valverde la saison précédente.

Cette perte n'empêchera pas le club de se qualifier pour la phase de poule de la Ligue des Champions aux dépends du Napoli démontrant toujours plus de solidité comme le confirme également les résultats en championnat où les joueurs de Valverde n'ont pour l'instant encaissé qu'un seul pénalty en deux matchs.

Après des débuts poussifs où l'équipe n'avait pas tenue physiquement lors de la deuxième période du match aller contre les napolitains ou le match face à Malaga, les zurigorri ont démontré une fluidité de balle des plus plaisantes face à Levante. Cet effectif encore jeune voit ses individualités progresser sans cesse, Laporte, Iturraspe, De Marcos reconverti en latéral ou même Aduriz qui ne cesse de surprendre par son évolution DiNatalienne. En ce début d'année c'est Muniain qui après sa prolongation de contrat cet été s'illustre le plus; Venant de son aile de plus en plus dans l'entre jeu, proposant de la vivacité, une capacité d'élimination que Benat ne peut apporter, le départ d'Ander Herrera permet à Bart de s'exprimer pleinement. Unai Lopez lui progresse tranquillement et foule la pelouse après l'heure de jeu en lieu et place de Benat alors exténué par les efforts physiques que le pressing tout terrain maison exige.

Car oui, le club peut et pourra encore compter sur son centre de formation Lezama pour un petit moment semble-t-il. Si le nom d'Unai Lopez revient régulièrement après son entrée remarquée en barrages, Guillermo, Aketxe ou Bustinza vont également pouvoir prouver qu'on peut compter sur eux cette année. Pour les cracks en plus d'Unai Lopez, la pépite maison s'appelle Galarreta, ayant fait ses débuts avec Bielsa, le petit prodige s'est malheureusement blessé deux ans de suite, décrochant le jackpot : ligaments croisés à chaque fois. Après avoir émerveillé les supporters de l'Athletic et de Mirandes, Inigo a déjà charmé ceux de Saragosse où il est en prêt pour une saison afin de travailler notamment physiquement alors que des joueurs comme Ramalho, Saborit ou autres entendent bien pouvoir s'aguérir et rentrer au bercail triomphant.

Enfin pour les autres cracks de la cantera cette participation à la Ligue des Champions de l'équipe première va leur permettre de disputer la Youth League, La ligue des champions des -19. Kepa -souvent appelé à être le futur de la Roja avec De Gea- Yeray ou Williams étant trop âgés, Jurgi Oteo -appelé depuis ses 16ans avec les -19 de la Roja, Villalibre, Xiker, Cordoba, Zaton ou encore Inigo Vicente vont pouvoir s'illustrer et profiter d'une occasion de pouvoir se mesurer aux meilleurs jeunes d'Europe bien qu'étant tous passés parmi les sélections jeunes.

" Il y a un groupe très fort, très uni. Quand il manque un joueur il en apparait un autre et si on perd un joueur pour une grosse somme d'argent il en apparaitra un autre. Avec la cantera on remplace des joueurs importants qui sont partis " Mikel Rico 3/09/2014

Pourtant le club ne compte pas s'arrêter là et compte bien pouvoir disposer de son argent et ne pas se contenter de l'achat de Viguera, meilleur buteur de Liga Adelante. Alors que les biscayens s'étaient vraisemblablement mis d'accord avec Monreal pour un contrat de quatre ans en cas de participation à la Ligue des Champions, Arsène Wenger aurait refusé la transaction tant qu'Arsenal n'aura pas trouvé un remplaçant.

" Si on élaborait une liste des clubs les plus sains au monde, l'Athletic serait dans le trio de tête " Javier Tebas, président de la LFP 22/05/2014

Car le club devient riche et pas seulement grâce à la vente de Javi Martinez ( 40 millions ) ou Ander Herrera ( 36 millions ). En effet, depuis 2012 les droits TV de l'Athletic ont augmenté de 20 millions d'euros. Le nouveau stade rapportera rien qu'avec la billetterie un minimum compris entre 15 et 20 millions de plus par an, 30 en cas de bon parcours en coupe d'Europe et/ou en Copa del Rey.
 Dès 2015 des grands panneaux publicitaires sur le stade seront opérationnale, notamment un avec vue sur le quartier de Zorrozaurre, de quoi ramener encore plusieurs deniers dans les caisses du club.

C'est également la date où le club pourrait changer de sponsor. Après avoir prolongé d'un an avec Petronor, la banque locale BBK (du groupe Kutxabank) déjà sur le maillot lors des matchs de coupe d'Europe dès cette année et nouveau partenaire principal aura définitivement sa place sur le devant du maillot pour toutes les compétitions jusqu'en 2018 laissant ainsi place libre sur la manche. Des entreprises asiatiques étaient déjà intéressées cet été pour prendre part à l'aventure. Déjà bien plus généreuses que Petronor qui payait à peine plus de 2 millions par an, il se murmure des chiffres allant jusqu'à plus de 10 millions annuels pour les nouveaux partenaires. Chiffres bien plus en adéquation avec la valeur actuelle du club. Parallèlement la BBK avait participé à hauteur de 50 millions d'euros dans la construction du nouveau San Mamès.

L'Asie est un marché porteur et y compte nombre d'aficionados. Avec près de 10 millions de supporters recensés, l'Athletic fait parti des clubs les plus supportés au monde. La diaspora basque jouant évidemment son rôle il est cependant impossible de ne pas parler de sa philosophie qui attire les plus romantiques. Il faudra malgré tout de la visibilité comme celle que leur a apporté la victoire face à Manchester United en 2012 pour profiter pleinement de ce taux de population à travers le monde.

Malgré cette victoire le club n'a pourtant jamais développé son marketing et de simples maillots zurigorri sont compliqués à trouver au-delà des frontières.

Hormis le marketing qui reste totalement à développer, le contrat des droits TV prenant fin en 2015, le club pourra surement encore gonfler ses recettes si il continue dans cette voie-là et une nouvelle qualification pour la Ligue des Champions ferait définitivement passer un cap au club qui engendrerait près de 100 millions d'euros en plus par an de recettes par rapport à il y a seulement trois ans. Un club qui de plus d'être fort d'un nouveau stade ne dispose plus déjà que d'une dette ridicule de 17 millions d'euros.

Il faudra confirmer sportivement, confirmer certainement également Valverde dont la continuité doit dépendre du résultat des élections présidentielles du club de l'été prochain. Il faudra confirmer pour continuer à narguer toujours plus le football post Bosman.

Liga Athletic Bilbao

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Commentaires (1)

1. Miaou Le Basque 07/09/2014

Merci pour ce super texte et AUPA ATHLETIC !

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