Interview de Gilles Agniel (entraîneur Nîmes Métropole)
- Le 02/05/2015
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Gilles Agniel, entraîneur (avec Manu Gros) du club de football féminin de Nîmes Métropole (FFNMG), s'est livré ce matin pour "Total-futbol" sur la fin de saison qui se profile pour son club. Un final qu'il vit assez sereinement. Son sentiment, sa saison, ses adversaires, il ne nous a rien caché. Entretien...
C’est un tournant de la saison qui se profile dans 15 jours lors de la réception de Monteux…
J’espère que ça va s’avérer positif et qu’on va arriver à nos fins. Il n’y a pas de raison. Il faudra gagner lors du derby face à Monteux. Je ne m’attends à un faux pas de l’OM car je pense qu’ils ont l’effectif pour gagner leurs derniers matchs. Même si c’est de gros matchs qui les attend. Personne ne nous fera de cadeau. Quand je vois le match qu’Aurillac-Arpajon a sorti contre nous (victoire nîmoise 2-0 dans les arrêts de jeu), que Claix a fait contre nous aussi (match nul 2-2), personne ne nous fera de cadeau. Donc il ne faudra faire de cadeau à personne aussi de notre côté et ça n’en sera que plus joli. Mais quand j’entends dire qu’on a de la chance, qu’on ne joue pas bien, je veux bien mais sur les 20 matchs joués, on a été 19 fois leaders. Si c’est ça de la chance, alors on en a.
Il vaut mieux avoir de la chance que pas du tout, non ?
Absolument, c’est pour ça que je dis parfois qu’on est les Arsène Lupin du football parce qu’on est des gros voleurs (rires). Plus sérieusement, je pense qu’on a prouvé en battant Toulouse (2-0), Le Puy (3-0) et en arrachant, sans être magnifique, le match nul à Marseille (1-1), qu’on avait des qualités. On se concentre sur nous-même, on va faire le boulot et ça n’en sera que plus beau.
Comment vous allez préparer la fin de saison et la réception de Monteux ?
La semaine dernière était basée sur la récupération et surtout se vider la tête en faisant des activités autour du ballon mais assez légers comme le tennis-ballon, des petits jeux ludiques, on a fait des ateliers techniques mais pour aérer l’esprit des filles et de ne pas penser à cet objectif final. La semaine qui arrive sera axée sur un travail assez athlétique avec pas mal de mises en place parce que je trouve qu’on a eu trop de largesses défensives contre Claix et ça me gêne. On va remettre les choses en places, refaire un travail tactique sur l’animation défensive pour gommer ces largesses. Et la semaine avant le derby, on basera notre travail sur l’efficacité offensive.
C’est quoi le message transmis aux joueuses avant cette fin de saison cruciale ?
Je me suis rendu compte qu’on n’est jamais aussi forts que lorsqu’on est libérés. On s’en aperçoit à l’entraînement aux vues des qualités des séances qu’elles me livrent par rapport à ce que je mets en place. Quand on dédramatise les événements futurs, on est plus forts. Mais généralement, ça tourne autour du fait que le football est un plaisir et une passion puisque nous ne sommes pas professionnels. Donc à partir de là, le plus important dans la vie, c’est la santé et le plaisir. Donc je veux leur faire passer comme message que nous sommes les plus chanceux du monde, nous avons la santé, un travail, des études et finalement on fait d’un sport une passion et c’est ça le plus important. L’enjeu ne doit pas prendre le pas sur le jeu.
Tu as dit que tu garderais sous pression tes joueuses jusqu’à la dernière minute du dernier match…
(Il coupe)… Non, j’ai dit que je ne lâcherai rien jusqu’à la dernière seconde du dernier match. J’ai dit ça après le match de Marseille à un journaliste (du blog Olympiennes et Marseillaises) qui me disait que si on faisait match nul à Marseille voire si on gagnait, la montée était acquise. Je lui ai répondu que dans la vie, rien n’est acquis, je lui ai aussi dit qu’on ne nous a jamais fait de cadeau et ce n’est pas maintenant qu’on nous en ferait et que malgré tout, peu importe le nombre de points à la sortie de ce match, je ne lâcherai rien « jusqu’à la dernière journée, de la dernière minute, de la dernière seconde ». Et c’est un peu ce qui se passe puisque aller faire match nul à Claix, ce n’est pas une contre-performance, elles ont gagné au Puy, elles ont gagné à Marseille donc c’est une équipe qui a de la qualité offensivement. Donc deux points qui compteront mais ce n’est pas leur mettre la pression. On s’est vidée la tête la semaine dernière, je suis tellement exigeant avec elles, alors elles ont eu droit à des séances moins intenses en ce moment. Mais la semaine prochaine, on reprend le travail athlétique, notamment avec une opposition contre une équipe masculine.
Il était possible de faire mieux à Claix quand même ?
Oui ! Je dis oui parce qu’on mène deux fois au score et qu’on ouvre le score à la 20ème et qu’on se fait rejoindre une minute plus tard, comme je leur ai dit, dans le monde professionnel, c’est une faute professionnelle. Malheureusement, on ne l’est pas. Donc je leur ai dit que ce relâchement était une erreur de débutantes. On a le bonheur de reprendre l’avantage avant la pause et qui fait mal à Claix. Mais derrière, a eu trop de largesses défensivement, comme j’ai dit tout à l’heure, ce qui m’a fortement agacé. Claix avait l’occasion de prendre l’avantage et ne le fait pas. Derrière, j’ai deux balles de match et je ne fais pas la différence. J’ai la possibilité de remporter ce match, j’ai la possibilité de le perdre en cours de match mais nous avons eu le dernier mot avec deux occasions. C’est un peu comme le dernier penalty d’une série que je ne mets pas au fond et je repars avec le match nul. Une frustration, non pas par rapport au contenu mais surtout qu’on pourrait avoir un matelas comptable plus confortable.
Le FFNMG peut toujours accéder à la D1 lors du prochain match.
Si Marseille est accroché par Le Puy et qu’on gagne, c’est fait. Mais disons qu’aujourd’hui, ça ne nous permet pas de nous relâcher et ça nous oblige à sortir le match de la saison.
Ce qui peut –être une bonne chose ou pas ?
Je ne sais pas. Quand on voit le match de Nîmes Métropole – OM et que certaines joueuses ont eu du mal à supporter la pression… je me dis… que si le dénouement est heureux, ça sera pas plus mal. On a un groupe assez jeune, quelques cadres connaissent ces matchs sous tension mais le reste du groupe, qui a majoritairement émergé en même temps que le club, a du mal avec ces événements. C’est pour ça qu’il faut dédramatiser. Peu importe l’issue du match ou de la saison, l’important c’est la famille et la santé donc qu’elles jouent libérées. Mais celui qui souffre le plus en ce moment, c’est le Président (Christian Tavès). C’est son cœur qui souffre le plus. Durant l’entraînement de cette semaine, il leur a dit de penser à son cœur et il a raison. C’est quelqu’un qui vit passionnément tous les matchs, qui se donne à 300% pour le club et si d’aventure on devait monter, l’accession lui serait dédiée.
Un grand merci à Gilles, qui n’a pas hésité une seule seconde à répondre à nos questions.
stephmorio
pour Total-futbol
Crédit photos : stephmorio