Dossier: Milan AC, un début de saison compliqué
- Le 05/10/2013
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Au bout 6 journées de Serie A le Milan ne pointe qu'à la 9ème place du classement et s'apprête a recevoir les grosses écuries du Calcio. Retour sur ce début de saison laborieux.
Hellas Vérone 2-1 AC Milan
AC Milan 3-1 Cagliari
Torino 2-2 AC Milan
AC Milan 1-2 Naples
Bologne 3-3 AC Milan
AC Milan 1-0 Sampdoria Gênes
L'évolution tactique :
Depuis le début de la saison le Milan est une équipe qui se cherche. Avec les nouvelles recrues a intégrer, les blessures a gérer, la suspension de Balotelli et les méformes de certains joueurs aucune équipe type ne s'est encore formée et la tactique de jeu ne cesse de changer.
Pour son premier match Milan était opposé au Hellas Vérone et évoluait en 433. En possession du ballon Montolivo restait assez bas laissant l'animation offensive à ses compères du milieu Nocerino et Poli qui montaient et à un trio d'attaquant El Shaarawy à gauche, Balotelli dans l'axe et Niang à droite. Balotelli venait régulièrement décrocher vers le milieu pendant que les ailiers/attaquants piquaient au centre. C'étaient les latéraux et en particulier Abatte qui prenaient les couloirs.
Résultat Montolivo se retrouvait vite isolé dans ce milieu et avait du mal à faire le lien avec les offensifs et l'équipe était rapidement coupée en deux. Et c'est finalement plutôt Mexès qui parvenait le plus souvent à sauter les lignes pour faire avancer le jeu. L'italien devait alors régulièrement monté d'un cran en prenant le risque d'abandonner sa défense derrière lui alors que, s'il sait se placer assez efficacement, il n'a déjà pas le poids défensif des meilleurs milieux récupérateurs.
Malgré ça l'animation offensive avait du mal à se mettre en place. La faute à un Balotelli trop nonchalant et ne faisant pas toujours les bons choix et à des ailiers trop inefficaces dans leur jeu sans ballon et M'Baye Niang en particulier.
Par la suite Allegri s'employa à corriger ces problèmes.
Tout d'abord Montolivo était remplacé par De Jong devant la défense. Avec son profil très défensif il restait plus près des défenseurs et étant moins technique, moins mobile et ne pouvant pas distribuer comme était censé le faire l'italien les deux autres milieux restèrent plus proche de lui pour former un trio plus compact. Ainsi le milieu du terrain était mieux occupé et la défense et la construction mieux assurées. Mexès et un milieu (celui de droite généralement donc Poli ou Montolivo) étaient les principaux relanceurs.
Pour donner plus de profondeur à son équipe l'entraineur mit en place une attaque à deux: d'abord avec Robinho en soutient de Balotelli puis avec contre Naples un duo Matri-Balotelli avec l'ancien turinois en pivot et l'italien en 9,5.
Entre le milieu et l'attaque un 10 devait donner du liant à ce système et prendre les espaces laissés libres dans l'axe ou sur les cotés. D'abord Montolivo pour un match avec peu de satisfaction puis Kaka pour son grand retour jusqu'à sa blessure 70 minutes plus tard et maintenant l'ancien auxerrois Walter Birsa. Qui vient de se blesser également.
Puis vint la suspension de Balotelli, élément clé de l'attaque d'Allegri. Pour la combler il repassa dans un schéma à une seule pointe : Matri. Deux joueurs le soutenaient très haut sur le terrain avec Robinho qui se placer aux cotés de Birsa pour former la paire de milieu offensif.
Un manque de talent ?
Ce Milan ne semble pas avoir de grosses lacunes tactiques et parait même assez équilibré et pourtant ni le jeu ni les résultats ne suivent en ce début de saison. La faute aux joueurs ?
Il est en tout cas difficile de considérer certain d'entre eux comme des fuoriclasses.
333 ! Ca sera le nombre de matchs joués au Milan par Christian Abbiati pour la prochaine rencontre. Le record est tombé face à la Sampdoria car jamais un gardien n'avait connu une telle longévité dans ce club. Ce n'est pas rien et ce n'est pas par hasard. Mais à 36 ans celui qui est définitivement entré dans l'histoire du Milan n'est pas au sommet de sa forme et connait un début de saison délicat. Et s'il a toujours été un gardien à la Valdès ; capable de briller mais de aussi commettre quelques erreurs relativement régulièrement, ces dernières s'accumulent depuis quelques matchs.
9 buts en 6 journées ce n'est pas un hasard non plus et Abbiati n'est pas le seul responsable. La défense est fragile et notamment sur le plan aérien et Zapata, pourtant titulaire indiscutable dans la charnière, a également beaucoup de difficultés à démarrer sa saison. Souvent en retard et parfois maladroit techniquement il commet trop d'erreurs sans avoir l'influence dans le jeu de son partenaire en défense.
La blessure du talentueux arrière gauche De Siglio a aussi fait beaucoup de mal à Milan et ni Constant ni Emanuelson ne parviennent à le remplacer efficacement.
Au milieu Montolivo déçoit. Où est passer ce joueur si brillant qui portait le Milan AC la saison dernière ? Moins inspiré, moins juste, et moins influent on ne reconnaît plus ce joueur pourtant si complet et sa blessure ne l'a pas aidé pour retrouver son niveau.
Et ce n'est pas Muntari ou Nocerino qui vont faire oublier la méforme de l'ancien florentin. Ces deux joueurs sont tout simplement trop juste en terme de technique et d'intelligence de jeu et tout simplement bien trop moyen pour figurer dans un club de ce standing. Ils ont beaucoup de mal à exister dans le jeu et sont même décevant dans le secteur défensif.
Plus haut Kaka a manqué son come-back. Le génie qui martyrisait l'Europe avant d'aller se perdre à Madrid, comme tant d'autre talents avant lui, s'est blessé dès sa première titularisation sans doute à cause d'un retour précipité.
Birsa le remplace avec volonté et se débrouille pas si mal mais n'a pas la vivacité, la vision, l'influence ou encore le volume de jeu des meilleurs à ce poste.
L'attaque a elle aussi ses problème.
Robinho a su se montrer très utile grâce a sa vivacité, son agilité, son sens de l'élimination et sa finesse technique mais de temps en temps seulement. Irrégulier d'un match à l'autre et même au cours d'un même match le brésilien est capable du meilleur mais aussi du pire.
Et pendant ce temps Matri peine à justifier les 12M mis sur la table pour le faire venir de la Juve. Ses appels et son jeu en pivot sont pourtant de bonne facture mais il doute et commet trop d'approximation. S'il ne s'obstinait pas à gâcher toutes ses occasions aussi … Toujours pas le moindre but à se mettre sous la dent pour l'avant centre.
Alors oui pour l'instant les problèmes du Milan AC viennent probablement pour beaucoup de leurs individualités. Mais le club a des excuses. De Siglio, Abate, Montolivo, Kaka, El Shaarawy, Pazzini, Bonera, Saponara … la liste des joueurs qui se sont blessés est longue et le nom de Birsa doit maintenant y être ajouté. Difficile dans ces conditions d'exploiter tout son potentiel et de trouver une stabilité.
Mais heureusement quelques joueurs ont permis de tirer le groupe vers le haut et de sauver les meubles.
Les hommes forts :
Philippe Mexès
Après une première saison inégale et un début difficile pour sa deuxième voilà plusieurs mois que le français monte en puissance à l'image de son énorme performance face à Barcelone en ligue des champions en février dernier. Et en ce début d'exercice Mexès confirme pleinement sa résurrection. Capital défensivement au coté d'un Zapata souvent dépassé et essentiel offensivement où ses relances en font un des principaux détonateurs des attaques milanaises, Mexès est le patron de l'arrière garde rossonero. Il n'hésite également pas à apporter de temps en temps le surnombre offensif.
Andrea Pirlo Poli
On peut se tromper tant le nouveau milieu du Milan semble talentueux et casse les lignes adverses par ses passes vers l'avant. En réalité les similitudes s'arrêtent là et Poli n'a pas (encore ?) le jeu de passe ou la prestance de son illustre homonyme mais a un profil plus complet. Mobile, technique, intelligent, il est actuellement le meilleur joueur de l'entre-jeu milanais grâce à son jeu court et à ses projection vers l'avant qui font souvent des ravages. Une association avec un Montolivo retrouvé au milieu et devant un De Jong en sentinelle peut prétendre à de très belles choses.
Nigel De Jong
De Jong n'est pas qu'un boucher mangeur d'enfants et le prouve. Et sa solidité défensive fait beaucoup de bien au Milan et à un Mexès qui n'a plus les jambes de sa période romaine. Très fort au duel et rigoureux dans son placement le hollandais est un vrai récupérateur mais il sait, sans en faire trop, se montrer très propre à la relance. Ses titularisations devant la défense sont en tout cas bien plus convaincantes que celles de Montolivo en ce début de saison.
Ignazio Abate
Si le jeu du Milan bascule autant sur le coté droit c'est à cause lui. Infatigable l'arrière enchaine les aller retours dans son couloir et le fait bien. Sûr défensivement, rapide et propre techniquement ce joueur et son activité permettent de donner de la largeur aux attaques milanaises et ce n'est pas pour rien qu'il est la principale cible des relances de Mexès et de Poli. Son premier but avec les rossoneri est venu récompenser son bon début de saison.
Le mystère Balotelli :
Difficile de classer le fantasque buteur dans une catégorie. Ses statistiques parlent en tout cas pour lui et ses 4 buts en 4 matchs en font le joueurs le plus prolifique du club. Mais sur le terrain Super Mario agace autant qu'il impressionne.
Car Balotelli est capable de tout. Et je ne parle pas seulement de ses déboires extra-sportifs, de ses simulations ou de ses coups de sang. C'est un joueur qui peut passer son match à se replier en marchant sans aucune détermination et, par bride, comme par une prise de conscience soudaine, se mettre à faire un pressing éclair pour récupérer le ballon dans les pieds d'un défenseur. Il est tout à fait capable, dos au but, de délivrer des remises excellentes tout comme d'ignorer totalement un appel parfait de Poli pour délivrer une frappe, sans élan, avec une lenteur gestuelle anormale. Il lui arrive également de rater trois contrôles consécutivement pour se sortir la fois suivante d'une situation improbable et délivrer le décalage parfait pour son partenaire comme il peut rater la plus simple des occasions pour déposer ensuite un enroulé dans la lucarne. Balotelli est imprévisible et pas toujours à son avantage.
Ce qui semble sûr c'est que le meilleur tireur de pénalty du monde est en fait trop nonchalant pour assumer pleinement son rôle sur le terrain. Ses décrochages lui donne une influence dont il ne se montre pas totalement à la hauteur. Même s'il descend parfois très bas soutenir le milieu il ne propose pas assez de solutions dans les petits espaces et de mouvements, ne joue pas toujours assez rapidement et ne fait pas suffisamment souvent les bons choix, même quand il se décide à lâcher la gonfle.
Mais ce qui est également certain c'est qu'il peut à tout moment sortir le coup d'éclat qui va changer le sort d'un match et qu'il est un de ces joueurs dont on attend qu'il se passe quelque chose quand il met le pied sur le ballon.
Allegri time :
Une victoire arrachée dans les dix dernières minutes contre le Celtic, des remontés dans les tout derniers instants contre le Torino, Bologne et l'Ajax et l'histoire aurait même pu se répéter contre Naples si Balotelli n'avais pas manqué son pénalty, le Milan est en train de devenir un spécialiste des points de dernières minutes à l'image des dernières saisons de Manchester United sous les ordres de Sir Alex Ferguson et de son fameux Fergie time. Cette preuve de caractère est en tout cas en train de sauver le Milan de la débâcle totale.
Allegri est la cible des critiques, peut être trop dures, en tout cas pour ce début de saison, vu l'état de l'effectif. Mais l'éternelle absence de cohésion offensive ne plaide pas en sa faveur et le calendrier non plus. Le déplacement à la Juventus dimanche semble bien compliqué puis le Milan devra faire face à l'Udinese, la Lazio puis la Fiorentina dans les 4 prochaines journées, sans compter les deux matchs de Ligue des champions contre Barcelone …
La fin de l'automne s'annonce rude pour les rossoneri.
Commentaires (2)
1. 05/10/2013
Il est surtout blessé.
Il n'a joué que le premier match contre Vérone sur le coté droit et il y a été assez moyen. Depuis je ne l'ai pas vu, je ne peux donc pas trop en parler.
2. 05/10/2013
Très bel article.
Tu ne parle pas d'El Sharawy parmi les hommes forts, quel est ton avis dessus ?
Le peu de fois ou je l'ai vu je l'ai trouvé très talentueux en tout cas. Il est irrégulier ?