Ces phrases insupportables dans un bar

 Que tu sois un étudiant sans salaire, un activiste qui refuse de donner de l'argent au Qatar, ou juste un travailleur avec un revenu miteux, tu regrettes l'absence de Beinsport chez toi les soirs de grand match. Ton stream ramant et ne montrant rien , tu es depuis longtemps aller chercher ton bonheur dans un bar, lieu saint d'alcool et de football.  Mais plus encore que le prix de la binouze, ou ce connard qui rentre et s'arrête juste entre toi et l'écran en cherchant une place, ton utopie s'est confronté à la réalité des footeux du dimanche qui peuplent cet endroit et dont il est impossible de ne pas entendre les réflexions.

1. ''Au prix où ils sont payés, ils pourraient faire plus...''

LA phrase typique qui arrive lors d'une déconvenue, allant d'un contrôle mal négocié à une défaite magistrale. Surtout lorsqu'il s'agit de Paris. Ou Monaco. Ou n'importe qui à vrai dire. Deux analyses s'offrent alors à nous :

A)''Le déterminisme de Spinoza témoigne qu'il est normal que dans une société capitaliste, tel que celle dans laquelle nous sommes, où les structures dominantes incitent à penser que le salaire dépend du mérite dans le but assumé que le pauvre se sente responsable de sa misère, et ne puisse crier à l'injustice devant la richesse indécente de son voisin, puisque tout le message latent de la société est de lui faire comprendre que ce voisin est simplement plus méritant que lui, et surtout qu'il lui suffirait à son tour de se sortir les doigts pour atteindre son niveau d'opulence. Bien que trois lignes de Bourdieu suffisent à contester cette idée, puisque la richesse dépend plus de l'héritage divers que du mérite, on ne peut que pardonner à ces prolétaires que devant un millionnaire ne suant pas sang et eau, même si ce n'est pas son rôle, la dissonance cognitive face à ce message dont il est abreuvé depuis l'enfance l'amène à critiquer fortement ce footballeur qui contredit tout ce dont il croit.''

B) Mec, tu viens d'acheter une pinte de bière plus de six boules et un coca plus de trois euros, niveau indécence des prix, critique le serveur de ne pas te servir de champagne à ce prix là plutôt que chialer sur les joueurs.


2 ''Moi, je préférais le Ronaldo de Manchester United à celui du Real.''

« Et alors ? , me diriez vous, C'est une idée qui se vaut.. » Certes. Mais il y a deux types de footeux du dimanche. Ceux qui ignorent totalement que leur propre race existe et n'en ont rien à faire de mal paraître aux yeux des gens en déversant leur débilité infâmes, et ceux qui ont conscience d'être potentiellement un inculte du football et qui va donc sortir des phrases éculés censé montrer qu'il a le niveau mais qui ne sont que des clichés qui n'ont plus rien d'analyses profondes mais sont devenus des lieux communs. Dans la même veine, on trouve l'importance de Busquet, le ''Verratti est un joueur plus important pour Paris que Zlatan''. C'est vrai. Sauf qu'on le sait tous. C'est tellement évident que le sortir montre bien la nature du footeux. Comme si on allait dans un convention de cinéma, et qu'on annonçait, tel une prise de position réfléchie et subversive, qu'on trouvait que Burton avait tendance à se répéter. Merci connard, mais on n'avait pas vraiment besoin de toi.

Ceci étant, qu'il ne désespère pas, ce genre de phrase suffit à faire carrière en tant que chroniqueur au Canal football Club ou à RMC...

3 ''Mais le problème, c'est qu'ils ne jouent pas en équipe, voilà tout''/ ''Ils n'ont pas mouillé le maillot''/ ''Y a pas assez de français, pas d'identité c'est pour ça''/''Le mec ce serait l'Algérie il marquerait plus''

La seconde grande phrase suite à n'importe quel match moyen parisien. Ou de l'EDF sans que Benzema ne marque. Au pays du beauf, le football se joue principalement avec les couilles, les tripes, les tacles, et pour aller un peu plus haut que cette vision, en équipe. Une performance timorée, ou pire une défaite, s'expliquera donc toujours par une analyse cliché au possible du manque de collectif, d'implication ou de cojones. Alimenté dans cette idée par les émissions pour frustrés de la tactique ou de l'analyse tel que Moscato Show, le blog de Menes ou autre beauferie, le footeux du dimanche voit dans toutes les contreperformance un problème d'implication, sauf les Riolix qui seront plus dans la seconde catégorie. La supériorité de l'adversaire ? Un problème de schéma tactique ? Un manque d'expérience ? Quelques détails qui auront coûté le match ? Que nenni. Ils n'ont pas eu les couilles de leur rentrer dedans, pas eu le collectif nécessaire pour déplacer des montagnes. Le reste ? Du niannan. Toi, tu attends juste que le gonze se trouve dix potes pensant comme lui, forment un club et réalisent une ascension formidable juste par leur envie jusqu'à la ligue des champions. Promis, une fois qu'ils affronteront le Real, t'iras les soutenir. C'est pas tous les jours en plus que tu sauras à l'avance qu'un club français va l'emporter face aux madrilènes. Mais face à une telle envie, que peuvent bien faire Modric, Ramos et Ronaldo ? 

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