Ce que Bielsa peut apporter à l'OM
- Le 10/04/2014
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Miné par des résultats calamiteux et une situation sportive sans aucune ligne de conduite, l'OM affiche un bien pale visage. Ferveur, amour, passion, autant d'adjectifs que l'on a actuellement beaucoup de mal à associer à un club qui les a jusqu'alors toujours merveilleusement portés. Mais ça, c'était avant.
Conséquence directe de cette descente aux enfers, un désamour total de la part du public du stade Vélodrome. Au sortir de la récente rencontre face à Ajaccio dans une enceinte marseillaise hostile malgré le gain de la victoire, on a visiblement atteint le point de non retour.
Face à cette vague de contestation qui n'a de cesse de prendre de l'ampleur, la direction peine à trouver ses mots. Si José Anigo a bien tenté de monter au front en regrettant publiquement cette fracture, Vincent Labrune, le président, botte en touche en dédramatisant. Suffisant pour faire monter la sauce et continuer de creuser un fossé qui s'annonce abyssal.
En perte de repères, en quête de certitudes et surtout à la recherche d'une direction compétente qui saura redonner une âme au club, les fans phocéens sont dans l'expectative. Comme impatients de retrouver la passion qui s'éteint à petit feu. Et tenter de s'aligner sans retenue derrière un projet fédérateur.
Parmi les récentes pistes évoquées pour occuper le banc marseillais l'an prochain, celle de Marcelo Bielsa.
Bielsa, passionnément
Bielsa un être entier, humble et passionné. En grand romantique il se plait à venir aux entrainements dans son Newell's ou dans un club si particulier que l'Athletic. Un club populaire, au mieux dirigé par les socios, poussé dans son stade par tout un peuple; Voilà exactement ce que Marseille a perdu et se doit de retrouver.
Bielsa n'est pas intéressé par l'argent comme le prouve dernièrement son refus de diriger l'équipe du Qatar pour la préparer à la coupe du monde 2022 et le contrat en or qui lui était offert. Amoureux du football comme aucun, l'entraineur argentin n'hésite pas à passer des heures à analyser les matchs, analyser l'état de forme de ses joueurs, leurs statistiques. Un travail hors du commun. Une implication qui l'entend partager avec ses joueurs. Ayant une idée très précise de son plan de jeu, les placements, déplacements seront répétés au moins autant de fois que le reste si ce n'est plus.
Bielsa ne se contente pas du travail d'équipe, l'individu doit progresser et centrer une centième fois si nécessaire, repasser son ballon, refaire les mouvements encore et toujours.
Un travail exténuant tactique, technique qui force le groupe à devoir supporter une importante charge physique.
Un style de jeu
Porté vers l'offensive, Bielsa aime dominer son adversaire. Associant la possession de balle à des attaques incisives, c'est surtout territorialement que la domination se fait totale. A l'Athletic avec le pressing comme arme principal, l'adversaire recule, perd le ballon avant de se retrancher sur ses 18m, dans l'incapacité à relancer proprement, les dégagements adverses sont récupérés grâce aux placements des joueurs travailler à l'entrainement. Les défenseurs centraux postés sur la ligne médiane relance la machine.
Le 343 est de mise apportant de la densité offensive permettant également l'efficacité du pressing et de la disponibilité à la création.
un 343 effectif au Chili plus mécanisé avec les zurigorri. En effet, Iraola latéral ayant déjà joué plusieurs fois milieu de terrain voir ailier jouera un double jeu, aligné dans une défense à 4 en face défensive dans sa partie de terrain, le guipuscoan prend ses libertés en phase offensive et forme l'un des meilleurs côtés de Liga avec un Susaeta - qui explosera en marquant 6 buts en Liga et 5 en EL- pouvant apporter de la verticalité dans une ligne d'attaque basque composée d'un pivot du nom de Llorente et d'un Iker Muniain apportant régulièrement le surnombre dans l'entre jeu.
Car si le côté droit basque a été totalement revu, le gauche n'est pas en reste. Bart* est accompagné par Jon Aurtenetxe, jeune défenseur central qui vient alors être le fameux troisième défenseur lors des montées de son compère.
La base de l'équipe a vu Javi Martinez devenir défenseur central et Iturraspe alors relayeur être placé devant la défense. Celui-ci devient même par moment à son tour le troisième défenseur, s'intercalant entre les deux centraux pour dicter le jeu. Il est même la pièce central du jeu, l'équilibre du bloc, le véritable lien entre les défenseurs et les joueurs offensifs. Chargé de combler les trous laissés, lancé le jeu, le jeu a tour à tour des allures de récupérateur à la Busquets, de cuatro à la Xavi ou tout simplement de 5 argentin comme Redondo.
Ander Herrera media punta à Saragosse se voit aussi redescendu d'un cran et exercer le travail d'un milieu central, aidant à la récupération, permettant notamment des combinaisons sur les ailes comme son partenaire Oscar de Marcos placé plus haut, chargé d'un poste de milieu offensif aux allures de 9.5.
Une vision d'ensemble
Bien sûr tous ces replacements de joueur détonneraient dans le milieu du foot français. Elles ne sont pas non plus sans rappeler sous plusieurs aspects celle d'un Barça version Guardiola. Nulle coïncidence. Lors de son apprentissage au poste d'entraineur, Guardiola a fait des tournées en Amérique du sud, sa rencontre avec Marcelo Bielsa l'a marqué au point d'affirmer après un match Barça / Athletic qu'il était "le meilleur entraineur du monde".
Pour qu'un tel entraineur vienne il faut lui garantir les pleins pouvoirs. Et l'OM n'en sortira pas perdant. El loco a déjà fait ses preuves également dans ce domaine là lors de son dernier passage en club en Europe.
Ayant déjà déclaré avant son explosion que Griezmann était le meilleur joueur de la Real Sociedad, désirant le faire venir changer de province basque malheureusement sans succès. Désireux de contracter le transfert d'un Mikel Rico, déclarant que le transfert d'un Benat n'améliorera pas l'effectif, on ne peut que lui donner raison aujourd'hui. Le nom bien plus ronflant et les 8 millions d'euros dépensés pour Benat n'ont pas fait illusion longtemps face au 2,5 millions de l'humble Mikel Rico, lequel a participé grandement à donner l'équilibre qui manquait à l'équipe. Si Iturraspe, véritable patron de l'équipe à exploser cette année, il n'y est certainement pas étranger; Disposant d'un gros volume de jeu, capable de se projeter vers l'avant autant qu'imposant au duel il était le chainon manquant aux côtés d'un Iturraspe ayant bénéficié du sens tactique de l'argentin.
Le travail au niveau de la formation est aussi à souligner. Bien qu'imputer tout le mérite au seul Bielsa et délaisser injustement le travail d'un Amorrortu ou Irureta serait bien évidemment injuste. Cependant, Bielsa a eu son mot à dire dans cette cantera prestigieuse. Un système de 433 imposé, ce que l'on peut affirmer ce sont les résultats en progression au sein du club. Si l'équipe première semble s'apprêter à jouer le tour préliminaire de la Ligue des Champions, le club voit ses deux équipes réserves en phase de play-offs pour passer en Liga Adelante ( D2 ) et Segunda ( D3) avec une multitude de joueurs pourtant prêtés dont Ramalho, Aurtenetxe ou la pépite Galarreta ... tous jeunes internationaux espagnols. Pourtant, bien qu'ayant démontré tout son attachement au club, allant jusqu'à en venir aux mains avec le responsable des travaux pour l'aménagement de Lezama ( centre d'entrainement ) ou déclarer " n'importe qui perd en quittant ce club " le club décidera de ne pas prolonger le bail de son entraineur après une saison difficile. De cette vision d'ensemble découle évidemment une vision à long terme.
El Loco est à adopter par les joueurs mais surtout des dirigeants et des supporters qui se doivent de connaitre les probables débuts difficiles de cette révolution L'héritage en sera à coup sûr des plus conséquents.
*Bart = surnom d'Iker Muniain
Article fait en collaboration avec : temps-additionnel.blog.laprovence.com
Commentaires (2)
1. 12/05/2014
Très bon article et commentaire de Keren même si je n'ai absolument pas compris pourquoi tu as mis Cheyrou dans le lot des fortes têtes ! Il est selon moi le joueur (avec Valbuena) ayant la meilleure mentalité à l'OM depuis plusieurs années, il s'exprime très bien et est certainement le moins bête de la bande.
Bon courage au Loco en tout cas !
2. 07/05/2014
Super article, ça m'a permise d'en apprendre un peu plus sur son parcours à l'Athletic. Comme beaucoup, j'ai surtout retenu la leçon magistrale infligée à Manchester United en Europa League.
Pour m'exprimer un peu sur Bielsa, en fait je le rêvais en sélectionneur du Japon depuis quelques mois (il y a eu une approche en 2010), je pense que sa mentalité, tout comme le style de jeu pratiqué, lui conviendraient parfaitement. Bielsa montre une connaissance footballistique fabuleuse mais c'est aussi un dictateur, ce qui lui a posé parfois des problèmes qu'il n'aurait pas rencontrés au Japon, tant la discipline des joueurs, la qualité d'écoute et le professionnalisme sont grands.
Sans oublier l'aspect purement footballistique, étant donné qu'au Japon, du moins en équipe nationale, l'intensité du pressing est déjà l'une des marques de fabrique (un bon moyen de compenser le déficit de talent individuel, je suppose), même si on peut encore l'améliorer.
Pour l'OM, je suis plus mesurée. Il aura des joueurs connus pour leur indiscipline, et des Imbula, Cheyrou (oui car il sera encore là...) ou Mendy seront difficiles à dompter. Sans oublier qu'au moindre accroc, ce cher José Anigo ou sa garde rapprochée (dont Passi et Spinosi qui devraient rester en place) seront là pour mettre les bâtons dans les roues à Bielsa, et le faire virer pour retrouver un bon niveau d'influence dans ce club où ils ont l'air d'avoir un contrat à vie...
Je crois qu'avec des joueurs qui n'ont pas l'habitude de s'investir pleinement, un staff composé à moitié d'amateurs (Passi et Spinosi donc), et dans un pays dont il ne parle pas la langue et aux moeurs corporatistes, Bielsa pourrait avoir du mal à imposer ses (excellentes) méthodes. Je vais peut-être m'avancer un peu, mais pour moi c'est le défi de sa carrière. S'il arrive à faire quelque chose même à l'OM, dans cette ambiance interne et avec ces joueurs, alors là, ce n'est pas un chapeau que je lui tire, mais trois ! XD
En tout cas, j'admire énormément le style de coach qu'il est. Il y a des entraîneurs qui font des merveilles avec des grands joueurs, des mecs confirmés, des stars quoi. Ceux-là, je les respecte. Mais le technicien qui amène des joueurs à un très bon niveau alors que ces joueurs n'étaient, a priori, pas destinés à ça, je l'adule. N'est-ce pas l'un des rôles du coach de faire progresser ses joueurs (jeunes ou moins jeunes) ? Les pousser à se transcender, se dépasser, à se découvrir un talent qui n'était pas si évident à la base ? En cela, Bielsa est un maître. Je le recommande à tous les pays ou clubs qui désespèrent de pouvoir exister au plus haut niveau sous prétexte qu'ils ont des individualités globalement moyennes.