Chronique historique : Argentine - Brésil 1982
- Le 22/04/2014
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Estadio de Sarriá, Barcelone, 2 Juillet 1982. Le Brésil de Telê Santana affronte l'Argentine de Menotti. Un match entre deux équipes prônant le football offensif et le beau jeu, l'équipe la plus alléchante de ce tournoi contre le champion du monde en titre s'affrontent dans une atmosphère bouillante entre ces deux rivaux historique.
Le contexte
4 ans après son premier sacre mondial, l'Argentine voulait réitérer l'exploit avec Menotti à sa tête. Dans le premier tour de poule, l'Argentine s'est qualifié derrière la Belgique grâce à deux victoires contre la Hongrie et le Salvador malgré la défaite en ouverture contre la Belgique.
Du coté brésilien, les hommes de Telê Santana ont impressionné par le niveau de jeu, la beauté et la magie du football pratiqué. 10 buts marqués en match de poule et des démonstrations pour cette équipe séduisante.
L'Argentine et le Brésil se retrouvaient alors dans un second tour de poule (les deux premiers de chaque poule formaient 12 équipes séparées en quatre poules ensuite pour connaître les demi-finale). La troisième équipe était l'Italie.
Dans le premier match, les italiens se sont imposés contre les argentins 2-1 ce qui mettait l'Argentine dans une situation précaire en l'obligeant à gagner par un gros avantage ce match en espérant un match nul ensuite entre l'Italie et le Brésil.
Du coté brésilien, après la démonstration des derniers matches de son équipe, Telê Santana voudrait aller le plus loin possible avec son équipe flamboyante.
Le match
Brésil
Valdir Peres – Leandro, Oscar, Luisinho, Junior – Toninho Cerezo, Falcao – Zico, Socrates – Eder, Serginho
Coach: Tele Santana
Argentina
Fillol - Galvan, Passarella, Olguin, Tarantini – Barbas, Ardiles, Bertoni, Calderon, Maradona – Kempes
Coach: Cesar Luis Menotti
L'Argentine se doit de gagner ce match pour continuer à croire en leur chance et doit même gagner en marquant le plus de buts possibles. Pour cela, Menotti opte pour une formation très offensive et son équipe joue assez haut pour mettre à mal l'équipe brésilienne.
En début de match, les argentins sont assez entreprenants et arrivent à bien combiner aux abords de la surface mais ne se procurent que peu d'occasions. Les brésiliens ont du mal à ressortir le ballon et font beaucoup d'erreurs ce qui permet aux argentins de rester dans la moitié de terrain auriverde.
Peu après la 10ème minute de jeu, la Seleçao obtient un coup-franc à quelques mètres de la surface. Eder s'en charge et trouve la barre transversale d'une frappe énorme, la balle rebondit sur la ligne et Zico devance le gardien pour marquer. Déjà 1-0 pour le Brésil après une dizaine de minutes de jeu, l'avantage au score est contre le cours du jeu et les argentins doivent maintenant redoubler d'efforts pour croire à la qualification.
Les brésiliens se rendent la tâche beaucoup plus facile car ils peuvent maintenant laisser venir l'Albiceleste.
Les minutes suivantes voient l'Argentine tenter de revenir au score mais les champions du monde en titre n'y arrivent pas et le Brésil reprend le dessus grâce à un jeu léché et une faculté de conservation de balle intéressante. Le match est moins animé et les brésiliens, forts de leur avantage au score, jouent en contre face à des argentins peu inspirés à l'image d'un Maradona (de seulement 22 ans) effacé ou d'un Kempes absent.
Les argentins poussent en fin de première période à l'image d'une tête de Passarella qui met en danger Valdir Peres, les brésiliens sont dangereux à chaque attaque ou presque grâce à ce jeu rapide en une touche et grâce à la disponibilité constante des joueurs autour du porteur de balle.
En seconde période, les argentins jouent mieux. Ramon Diaz a remplacé Kempes à la mi-temps. Maradona réussit ses gestes et se déplace plus au cœur du jeu pour orienter et ainsi diriger le jeu de son équipe. Il s'infiltre même dans la surface plusieurs fois et aurait pu obtenir un penalty.
Le Brésil reste sur sa tactique de la première période et joue vite vers l'avant, les solutions constante au porteur de balle sont une force de ce Brésil de Telê Santana et tous les joueurs participent au jeu, les dédoublements sur les ailes font mal à la défense argentine qui parvient cependant à piéger les brésiliens grâce au hors-jeu. Zico, en véritable chef d'orchestre de son équipe, distribue au milieu de terrain et ses facultés techniques lui permettent de ne pas perdre la balle. Malgré un bon début de seconde période, les argentins retombent dans leurs travers et le Seleçao reprend le dessus.
La sentence tombe peu avant la 70ème minute, Socrates passe à Eder qui trouve Zico au centre du terrain du magnifique passe de l'extérieure du pied. Le « Pelé blanc » lance Falcao sur le coté droit, le joueur de la Roma centre alors et Serginho la reprend au second poteau de la tête pour marquer. Un but d'école pour ce Brésil séduisant, un but qui démontre la finesse de ce jeu et l'apparente simplicité couplée à la décontraction de ces joueurs brésiliens.
Quelques minutes plus tard, Junior trouve une nouvelle fois Zico au centre du terrain qui retrouve Junior dans la profondeur, auteur d'un magnifique appel de balle, ce dernier frappe et trompe une nouvelle fois Fillol. 3-0, la messe est dite.
Les argentins sont assommés et impuissants face à la technique et l'intelligence de jeu de leurs adversaires.
Les esprits s'échaufferont à plusieurs reprises dans cette fin de match à l'avantage du Brésil malgré quelques incursions argentine pour sauver l'honneur.
Zico sortira sur blessure à quelques minutes de la fin du match après un tacle rude de Passarella.
Maradona sera coupable d'un mauvais geste sur Batista en le frappant dans le bas-ventre après un pied haut du joueur tout juste entré en jeu. L'arbitre n'hésitera et expulsera Maradona.
En toute fin de match, Ramon Diaz récupérera un balle perdue de la défense et sauvera l'honneur d'une superbe frappe en lucarne qui ne laissera aucune chance à Valdir Peres.
Une excellente partie des brésiliens élimine donc les argentins de la compétition après leurs deux défaites dans ce second tour de qualification. L'Albiceleste a été décevante et souvent dépassé au milieu du terrain où seul Ardiles était au niveau.
La tactique de Menotti pour contrer les brésiliens à leur propre jeu n'a pas fonctionné et l'Argentine repart bredouille de cette compétition malgré une attente énorme de tout un peuple après la victoire de 1978. Maradona n'aura pas assez pesé sur la rencontre malgré des performances étincelantes en club et un transfert au FC Barcelone ensuite. Cependant, Diego n'avait que 22 ans et l'histoire lui donnera raison. Les autres argentins n'ont pas été à la hauteur de l'événement et on été dépassé surtout défensivement.
Le Brésil continue son parcours parfait dans cette coupe du monde et son jeu continue de faire rêver tous les spectateurs. Le beau jeu, maître-mot de Telê Santana, est une arme de cette équipe séduisante formée de joueurs tous aussi à l'aise avec la balle et emmenés par des joueurs tels que Socrates ou Zico. La disponibilité incessante de tous ces joueurs et le jeu rapide souvent au sol marqueront l'histoire du football pour une équipe qui échouera au match suivant et sortira de la compétition avec les honneurs. L'histoire ne retiendra pas cet échec, l'histoire retiendra le football pratiqué par cette équipe auriverde, un football copié et ré-utilisé depuis. Un football Samba brésilien fait de bonheur pour les joueurs le pratiquant et pour les spectateurs qui admirent cette œuvre d'art.
Vous pouvez revoir le match en entier sur youtube :