Où en est Manchester United ?
- Le 24/08/2012
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Shinji Kagawa l'homme fort du Borussia Dortmund, double champion en titre de Bundesliga, et Robin Van Persie capitaine d'Arsenal et meilleur joueur et buteur du dernier championnat ont tous deux rejoins cet été l'armada des reds devils. S'il est déjà assez rare que Sir Alex Ferguson recrute un joueur de renommé mondiale la situation devait lui sembler critique pour qu'il en prenne deux. Et pour cause Manchester United vient de perdre son titre...
au profil de son éternel rival qu'il a longtemps pris de haut. Pire eux qui s'étaient habitué aux épopées européennes (un quart de finale, une demi-finale, deux finales et un sacre ces 5 dernières années, seul le Barca a fait mieux) se sont fait éliminé dès la phase de poule de la ligue des champions par le Benfica Lisbonne et le modeste FC Bâle.
Pourtant tout n'était pas noir et bien que second seulement, le Manchester de la saison 2011-2012 est le second terminant avec le plus grand nombre de points au compteur de l'histoire de la premiere league et ne céde son titre que dans les tous derniers instants tragiques du championnat et ce malgré une effectif décimé par les blessures tout au long de l'année.
Avec ces renforts phares consolidant un groupe déjà compétitif tout laisse croire que Manchester United ne peut que réaliser une grande saison. Mais après des matchs de préparations poussifs c'est par une défaite que les stars mancunienes ont fait leur rentrée, défaite qui a montré que cet effectif très dense ne sera pas si facile à utiliser, qu'il pouvait encore présenter des défauts et que des joueurs importants risqueront d'être sacrifiés.
Everton 1-0 Manchester United : premières interrogations
Si il n'y a rien de honteux à repartir de Goodison Park avec zéro point la prestation de l'équipe préoccupe, elle, réellement ; il y a en effet bien plus de doutes que de point positif à ressortir de cet échec.
Commençons par le point noir qui a sauté au yeux : le niveau défensif. Il fut simplement affligeant.
Le milieu a sombré, coulant à chaque offensives des joueurs d'Everton à qui il laissait bien trop d'espaces pour s'exprimer. Quand Scholes s'est montré nerveux et a commis beaucoup de fautes mais à au moins pu se montrer présent aux duels pour surnager à la récupération, Cleverley s'est lui complètement noyé sous les vagues bleus n'ayant tout simplement rien à proposer défensivement si ce n'est son pressing. Ce joueur n'a tout simplement pas (encore?) la science du placement pour ce rôle et encore moins l'impacte physique qui pourrait la compenser.
La défense qui fut donc naturellement très sollicitée ne se montra pas moins submersible que son milieu tant elle fut inondée par le raz de marré Fellaini. En imposant son hégémonie sur les ballons aériens et faisant parler sa maitrise technique, sa puissance et sa justesse de jeu par ses contrôles, sa conservation et ses remises le géant belge a éclaboussé la rencontre de son talent, il a été le point central de toute les attaques des toffees et marque même le seul but du match sur corner. Si les excuses sont facile à trouver pour Carrick qui n'évolue pas à son poste et Vidic qui signe son retour après des mois d'absence elles le sont moins pour le français Patrice Evra et pour Valencia qui a souvent occupé ce rôle et qui n'était pas un choix par défaut vu la présence sur le banc du jeune Rafael.
Mais malgré ça United a eu la possession et ce grâce à ce milieu qui a su en parti combler sa défaillance défensive par une belle capacité à remonter et à tenir le ballon. Mais si le ballon arrivait facilement au abord de la surface les hommes de Sir Alex Ferguson étaient incapable de se montrer dangereux.
Voilà le deuxième point négatif et c'est en bien attaque que ce fut la plus grosse déception vu les joueurs présents sur la pelouse.
Le quatuor Kagawa, Welbeck, Nani et Rooney a en effet eu beaucoup de mal à se trouver et ce en dépit d'une certaine justesse technique en particulier de la part du japonais. Le problème principal résidant dans le manque de verticalité de l'attaque, la faute en partie à un manque d'automatisme sans doute. En effet seul Welbeck parvenait de temps en temps à apporter de la profondeur par ses appels, Rooney cherchant plus à décrocher et à servir de relais (même s'il faut signaler aussi que ses rares appels vers l'avant manquaient terriblement de tranchant) alors que Kagawa ne montait pas prendre la pointe de l'attaque laissée par l'anglais. Evra attaquant peu (sûrement par soucis de ne pas fragiliser encore plus cette défense) les mouvements de Welbeck n'étaient en plus pas compensés et le jeu perdait aussi en largeur. Nani quand à lui se montrait particulièrement inutile et passait complètement à côté de son match. Bref les mouvements étaient mal coordonnés et montraient peut-être un manque de complémentarités notamment entre le duo Kagawa-Rooney.
Finissons sur ce match par le point positif, par celui qui a permis à MU d'y croire jusqu'à la fin et les a empêché de prendre la rouste qu'ils méritaient : David De Gea.
Ses débuts en premiere league semblent loin à présent et le temps des relâchements de balles et des sorties chaotiques (même s'il doit encore progressé dans ce domaine) n'est plus qu'un mauvais souvenir tant l'espagnol nous régale depuis Février dernier par ses relances efficaces, son placement pertinent et ses arrêts de grande classe.
Saison 2011-2012 : les enseignements à tirer
La défense :
Malgré l’hécatombe qu'elle a connue avec les absences de Jones, de Ferdinand, la longue blessure de Rafael et surtout l'indisponibilité pour la totalité de la saison de Vidic elle s'est montrée solide et performante et finit deuxième meilleure défense du championnat avec seulement 4 petits buts encaissés de plus que celle de Manchester City.
La principale raison de cette solidité est la prestation de ses jeunes éléments qui ont su répondre présent.
Evans est notamment la grande satisfaction de cette jeune garde ; il a su remplacer Vidic avec brio en apportant même une touche technique à la relance dont le serbe d'acier est incapable.
Smalling avec son jeu particulièrement complet a de nombreuses fois montré qu'on pouvait compter sur lui et a très rarement déçu ; à la fois technique, rapide et solide, bon dans le placement et dans le jeu aérien, il a tout pour s'imposer rapidement parmi les meilleurs défenseurs d'Angleterre.
Jones quand à lui a démarrer en fanfare ; étincelant à ses débuts, comme il l'était déjà à Blackburn, il semblait alors partout sur le front défensif et invincible aux duels mais n'a pas su retrouver son niveau après sa blessure survenue pendant l'hiver.
Mais le duo Ferdinand-Vidic qui a longtemps fait office de référence mondiale est émoussé. Car malheureusement Ferdinand vieilli et ça se voit, l'artiste est de moins en moins vif et souvent sujet au blessures et même si son sens du placement et de l'anticipation et son aisance balle au pied peuvent rendre de fier service à son équipe on est assez loin de ce qu'il apportait il n'y a encore que deux saisons. Vidic pour sa part a connu une longue absence qui lui a fait perdre beaucoup en masse musculaire et sans sa puissance au duel que reste t-il de l'intraitable stoppeur ? Il devrait retrouver son niveau avec de l'exercice mais rien est sûr et on ne sait pas combien de temps cela prendra.
Sur le coté droit Rafael est convaincant : s'il commet encore trop d'erreur de jeunesse il est irréprochable dans son apport offensif et son entente avec Valencia est très bonne, mais est lui aussi assez fragile et passe fréquemment par l'infirmerie. Hors il n'a pas de remplaçant même si Smalling et Jones peuvent et ont déjà occuper ce poste avec plus ou moyen d'efficacité. Ferguson voit aussi maintenant en Valencia une solution de rechange crédible mais là encore au vu de ses prestations mitigées cela reste du bricolage.
Le coté gauche est celui qui a fait le plus parler tant celui qui l'occupe paraît aussi mauvais qu'intouchable. Voilà deux saison maintenant que Patrice Evra semble au fond du gouffre, que sa capacité de percussion et sa réussite aux duels l'ont quittées pour mettre en évidence sa difficulté de placement et son manque de finesse technique. Et pourtant, comme une désespérante fatalité, l'ancien monégasque et vice capitaine est titularisé à quasiment chaque rencontre et Fabio, qui a pourtant su montrer quelques belles choses même s'il a été irrégulier, est systématiquement sur le banc ou carrément absent des feuilles de matchs.
Le milieu :
On se souvient qu'au début de la saison Manchester jouait avec un milieu Cleverley-Anderson qui était certes déséquilibré et subissait beaucoup d'occasions mais qui proposait (avec Rooney en meneur plus avancer) un jeu fluide et spectaculaire. Le brésilien se montrait alors très efficace à la récupération et dynamitait le milieu par son explosivité quand l'anglais fluidifiait le jeu et apportait du mouvement. Seulement Cleverley s'est rapidement blessé et cette paire n'a pas été testée contre des équipes de très haut niveau (Arsenal et Tottenham tout de même mais ces deux équipes étaient alors très mal en points avec des effectifs largement incomplet et Arsenal notamment s'était montré de nombreuses fois dangereux malgré ce 8-2 retentissant). Par la suite Anderson et même Rooney n'ont plus retrouvé leur niveau de ce début de saison.
Une autre paire se montra à son avantage plus tard dans la saison constituée cette fois de Carrick et de Jones. Le jeune espoir brillait alors par son efficacité aux duels, par sa fougue et par sa faculté a amené de la vitesse au milieu alors que Carrick apportait son sens du placement et sa qualité de jeu de passe court et long pour diriger l'entre-jeu. A la fois équilibré et dynamique le duo a très bien fonctionné jusqu'à la blessure de l'ancien rovers à peine quelques semaines plus tard.
Ferguson a ensuite, et après quelques malheureux essais, rappelé Scholes pour former avec Carrick la charnière qui terminera avec constance la saison, impressionnante de technique et d'intelligence collective mais qui montrait une certaine limite dans l'animation offensive, Scholes n'étant plus capable de monter autant qu'il pouvait le faire à l'époque.
Darren Fletcher en box-to-box expérimenté, capable d'apporter sa justesse et son dynamisme offensivement ainsi que ses talents à la récupération aurait pu être le compagnon parfait à ce Carrick retrouvé mais sa maladie a compromis sa carrière et on ne sait pas s'il retrouvera un jour son niveau ni pour combien de temps.
On voit donc que Ferguson a eu beaucoup de mal à constituer un milieu réellement équilibré entre récupération et animation offensive et que Carrick semble nécessaire à stabiliser défensivement l'entre-jeu par sa qualité de placement notamment et qu'en cas de blessure ou de simple méforme il n'y a aucun joueur capable de prendre son rôle. Surtout que l'ultra irrégulier Anderson, le seul qui pourrait avoir l'abattage nécessaire pour lui succéder dans un rôle différent, avec une récupération plus basée sur les duels, n'a pas l'intelligence de déplacement d'un Fletcher et laisse beaucoup d'espace derrière lui.
On peut aussi se demander combien de temps Scholes (37 ans maintenant) pourra tenir ce niveau de jeu et a quel rythme de match peut-il évoluer.
L'attaque :
Mais si l'animation offensivement n'a plus retrouvé son niveau du début de saison c'est aussi à cause de l'évolution de Wayne Rooney. Positionné derrière l'attaquant de pointe (Welbeck en général sinon Chicharito) il a baissé de régime, n'a pas su assumer son rôle de créateur comme il l'avait brillamment fait pendant la saison 2010-2011 et n'est pas parvenue à lier ses partenaires en multipliant les déchets techniques et les erreurs de jugement dans ses choix.
Evidement Rooney finit meilleur buteur du club avec 27 buts en championnat et à gardé sa qualité de finition exceptionnelle mais ce n'était pas son unique rôle loin de là. On pourrait diviser sa tâche en trois points :
Tout d'abord lier les joueurs offensifs. Manchester évoluait en attaque avec des joueurs très espacés ; deux ailiers qui restaient près de leurs lignes de touches et un seul attaquant de pointe. Rooney par son volume de jeu, sa qualité de passe longue/moyenne et ses déplacements devaient leurs permettre de ne pas être isolés et de créer du mouvement avec l'aide d'un Welbeck qui décrochait beaucoup.
Ensuite il devait apporter en profondeur quand son jeune coéquipier décrochait et devait donner une solution dans la surface au point relais que Welbeck constituait quand il restait devant, ce qu'il a parfaitement su faire.
Et enfin soulager son milieu composer de deux joueurs seulement par son pressing et sa tenue de la balle chose pour laquelle il a également échoué, certain n'hésitant pas à mettre en doute sa condition physique et son hygiène de vie (notamment ses kilos en trop) pour l'expliquer.
Devant lui Welbeck a connu la trajectoire inverse ; lui qui a brillé dans son apport au collectif grâce à son sens du jeu et sa finesse technique a connu des difficultés dans le dernier geste, voir même l'avant dernier. Mais pour sa première saison pleine au club le bilan reste très positif.
Hernandez est lui une petite déception, incapable de progresser techniquement ni de pesé autant que la saison dernière sur les défenses adverse il a perdu sa place au profil de l'anglais même s'il a joué assez régulièrement.
La situation est plus compliquée pour Berbatov qui malgré une moyenne supérieur au but par match a eu très peu sa chance, sans doute pas assez mobile pour ce que Ferguson souhaite mettre en place.
Sur les cotés Ashley Young a connu une saison très difficile, en commettant beaucoup de déchets et de mauvais choix il n'a pas su apporter suffisamment offensivement mais aura au moins toujours assurer son travail défensif.
Nani entre blessure et irrégularité n'aura pas non plus sorti son épingle du jeu et c'est sans aucun doute Valencia qui aura été l'ailier le plus performant avec une deuxième partie de saison de très haut niveau grâce à sa force de percussion et la justesse de ses centres et en se faisant même élire meilleur joueur du club de la saison.
Effectif 2012-2013 : les changements
En plus de Kagawa et de Van Persie, Nick Powell, un milieu offensif venu de league two (correspondant à la CFA en France), et le latéral gauche hollandais du Vitesse Büttner sont arriver renforcer l'équipe. Fabio est parti en prêt à QPR rejoignant ainsi Park Ji Sung qui s'y est engagé pour deux saison.
Si on peut naïvement espérer que Büttner vient apporter un véritable concurrence à Patrice Evra pendant que Fabio s'aguerri à Londres la raison du transfert de Powell est difficilement explicable, si ce n'est par son simple talent, puisque le groupe dispose déjà de plusieurs joueurs pour occuper ce poste. Il y a peu de chance de le voir beaucoup dans le court terme.
Ainsi aucun joueur n'est recruter au milieu de terrain, secteur qui a pourtant causer des inquiétudes et dont les solutions de rechanges sûres sont minces voir inexistantes.
Pas de recrues non plus en défense centrale malgré les absences du début de saison (Jones, Smalling, Ferdinand et Evans) et l'épidémie de blessures annuelles qui touche le club en hiver.
Pour le secteur offensif les deux recrues posent un problème de riche.
Que faire de l'un des grands espoirs du club : Cleverley ?
Si ce joueur est fin techniquement et possède un jeu court de grande qualité ce n'est pas ce qui fait sa force et s'il est vif et plutôt véloce ce n'est pas là non plus son meilleur atout. Non Cleverley brille avant tout par sa créativité, par ses déplacements, par la simplicité de son jeu et par les mouvements qu'il apporte. Ce joueur fluidifie le jeu et le rend imprévisible, il l'améliore par sa simple présence, ce joueur sent le jeu, il est le jeu.
Le plus important au football ce n'est pas la technique et c'est encore moins la puissance ou la vitesse, c'est l'intelligence de jeu, la prise de décision. Le choix de la prise d'appel pour demander la balle, la lecture des appels par le porteur du ballon, le prise des espaces que créer ces appels, le démarquage pour proposer des solutions, c'est tout cet ensemble de choix qui font le mouvement, qui font avancer le jeu, qui amène les occasions et le contrôle d'un match. Et c'est là que l'anglais est particulièrement bon, il propose sans cesse, joue en une touche de balle, passe toujours dans le bon tempo et sait prendre les espaces qu'il faut quand il le faut. Et très peu de joueur ont développé un tel sens du jeu.
Mais comme je l'ai signalé plus haut il est incapable de véritablement peser défensivement et le mettre dans un milieu à 2 constitue un vrai risque, c'est comme si le Barca changeait l'organisation de son milieu pour mettre en place une paire axiale Xavi-Iniesta ; c'est trop fragile. Il a d'ailleurs joué plus haut avec Wigan et avec sa sélection.
En plus c'est un joueur qui a besoin de mouvements, de coéquipiers qui se déplacent autour de lui, il y aurait donc tout a gagné en le positionnant à la pointe d'un milieu à 3, où il serait plus libéré des charges défensives et où il serait au cœur du jeu, dans des espaces plus fermé où il s'exprimer avec son jeu court en une touche et ses déplacements. En 8 offensif tel Iniesta dans le milieu à 3 de Barcelone.
Mais depuis le repositionnement de Rooney United joue avec un 10 voir un 9,5 très haut sur le terrain. Et l'arrivé de Kagawa tend à confirmer ce système.
Car le faible apport de Rooney dans le jeu n'est pas étranger à la venue du japonais et le nippon occupait en Allemagne la même position que l'anglais. Rooney pourrait retrouver la place en pointe qu'il avait lors de la saison 2009-2010 mais qu'en est-il alors de Van Persie, de Welbeck, de Hernandez et même de Berbatov ?
La place de l'indéboulonnable attaquant anglais que beaucoup considère comme une figure du club est désormais sérieusement menacée puisqu'il a une concurrence plus que sérieuse aux deux postes qu'il peut occuper. On a même du mal à imaginer aujourd'hui qu'il puisse pousser un Van Persie sur le banc tant ce dernier a des caractéristiques de jeu qui se rapproche plus du 9 (première touche, qualité d'appel, agile des deux pieds) et semble surtout plus affuté que lui.
Le hollandais paraît également plus complémentaire avec Kagawa grâce a ses appels dans la profondeur (alors que contre Everton la profondeur n'était pas prise ni par Rooney ni par le japonais) alors que les deux anglais semblent les plus complémentaires entre eux et ont déjà prouvé la valeur de leur entente.
Néanmoins Welbeck et Van Persie et même Kagawa comme il le fait avec le Japon peuvent évoluer sur un coté, la solution à ce casse tête sera peut être là surtout si Nani et Young n'améliorent pas leurs performances.