Le Barca, Guardiola et Juan Manuel Lillo
- Le 09/08/2012
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l y a peu de cela, un certain Josep Guardiola a décidé de faire une pause dans sa courte carrière mais au combien enrichissante pour le monde du football. Et il faut bien se l'avouer, qu'on supporte le Barca ou le Real, qu'on supporte l'Espanyol Barcelone ou bien qu'on ne supporte pas le personnage, ce chauve aux manches retroussées a changé à tout jamais la face du foot et surtout celle du Barca.
Il y aura fallu quatre ans, quatre ans d'insomnies, où il a perdu le restant de ses cheveux pour toucher la perfection footballistique. Joueurs locaux, formation, tactique, jeu (à ne pas confondre avec beau jeu qui est un terme subjectif que je n’emploierais pas), trophées, on peut difficilement faire mieux. Mais qu'a-t-il réellement révolutionné ? Qui a-t-il copié ? Sa philosophie peut-elle s'appliquer à d'autres équipes ? Ou alors était-il juste au bon club, au bon moment et au même endroit que la chance ? Revenons y points par points.
La révolution :
La première grosse réussite de Guardiola est celle qui se voit peut-être le moins et c'est justement par ce fait qu'elle devient une réussite. J'ai vu et lu beaucoup de commentaires qui disaient que Guardiola n'avait fait que reprendre Rijkaard ou même qu'il n'avait aucun sens tactique et que n'importe quel entraîneur aurait pu entraîner ce Barca-là. Hors, si on ne voit pas la tactique sur le terrain, ne serait-ce pas parce que la tactique aurait atteint son paroxysme ? Guardiola est tout simplement arrivé à conjuguer football et tactique à la perfection, tant bien que le mélange en est limpide, car si nous regardons de plus près, la tactique barcelonaise a été totalement transformée sous l'ère Guardiola, il a donné un sens à chaque phase, à chaque mouvement, il a fait de la possession la meilleure arme défensive et surtout il a fait de la passe et du placement le meilleur atout physique. L'autre transformation majeure qu'il a fait, fut de tirer le meilleur de l'individualité pour le mettre au service du collectif. Tactiquement sa grande force fut d'utiiliser les joueurs polyvalents non pas comme des bouche-trous mais comme des joueurs qui pouvaient faire la différence grâce à leur multiples possibilités sur le terrain. Ainsi, j'ai toujours aimé dire que Alves avait été nommé à tort comme étant le meilleur latéral, car Pep était déjà, à l'époque dans une optique de 3-4-3 (voire 3-3-4) avec un Alves qui était en fait un ailier. Alves ne fut pas le seul bien entendu, mais il est l'exemple le plus flagrant de cette capacité tactique à utiliser les qualités individuelles et le polyvalence des joueurs pour en faire un collectif impérméable. Le collectif justement, s'il est bien imperméable, c'est bien parce que ce collectif est voué à la possession de balle, possession ô combien précieuse en attaque mais surtout ô combien précieuse pour la défense, une défense souvent qualifiée (à tort) comme étant la meilleure du monde, alors que cette illusion a été créée par cette possession qui leur donne cette lucidité que les autres n'ont pas, et bien oui, quand vous devez défendre seulement 25 minutes et que vos adversaires doivent presser pendant 65 minutes, ça change la donne.
Les remix :
Tel une bonne reprise, Guardiola a su tirer le meilleur des classiques en y apportant sa touche musicale qui nous a même permis d'oublier l'original. Le foot avec Pep c'était mieux maintenant.
Indéniablement, le meilleur remix de Guardiola fut de reprendre un certain Rinus Michels, l'inventeur du Total Voetbal, le fameux le seul l'unique et l'ultime façon de jouer au foot. Guardiola, en génie, a pris ce football total et l'a mixé avec le tiki-taka pour en faire une arme redoutable. Le Tiki-taka étant ceci: il l'a pris et associé au football total, c'est à dire qu'il a pris cette capacité qu'avaient tous les joueurs sous Michels d'être technique (attaquants comme défenseurs) pour le mettre au profil du tiki-taka, de ce fait vous pourrez voir n’importe quel joueur du Barca faire une passe directe, belle et précise, même Valdes.
Juan Manuel 'Juanma' Lillo :
Quand l'élève dépasse le maître...
En 2005, Guardiola va faire sa dernière pige en tant que joueur au Méxique à Sinaloa. Mais bon Dieu que va-t-il faire dans un club qui joue la relégation ? Toute la réponse à cette question est dans l’entraîneur. Juanma Lillo. Ce type ne vous dit rien ? C'est normal, il n'a jamais vraiment brillé par ses exploits footballistiques ou bien en tant qu'entraîneur, enfin si, il est devenu le plus jeune entraîneur professionnel et est l'un des plus grands défenseurs du 4-2-3-1. Et alors, quoi de plus ? C'est tout ? Non, ce n'est pas tout, il est même le point essentiel de Guardiola, sans le basque aux phrases bizarres et farfelues, Pep ne serait sûrement jamais devenu un aussi grand entraîneur. Juanma, il faut le savoir, mais il est pour une des plus grandes énigmes footballistique de tous les temps. Il est tactique à souhait et est surtout un maître dans la maîtrise de la psychologie des joueurs et dans la façon de gérer un groupe non en une entité de joueurs mais bien en une équipe. Pep passera un an au Mexique chez celui qu'il appelle son mentor et apprendra bien plus qu'avec n'importe quel entraîneur.
La masia, cette mine d'or :
Si Guardiola a si bien su gagner avec ce style si particulier, c'est que tout comme le Toque appartient à l'Athletic Club, le Tiki-taka appartient aux barcelonais. Depuis des années, on forme Tiki-taka, on organise le jeu ainsi, etc. Ce n'est pas pour rien que les joueurs s'entendent parfaitement, et à tous les stades de l'école Barcelonaise. Un jeune de 11 ans fera le même geste qu'un joueur de 30 ans, le talent peut être inné, mais l'intelligence de jeu, et la complémentarité des joueurs se travaillent dès le plus jeune âge. Ce n'est pas pour rien que Xavi et Iniesta se trouvent avec une facilité déconcertante. Ou même que Fabregas à son retour à Barcelone savait jouer avec ses anciens coéquipiers Piqué et Messi comme s'il les avait laissé 1 mois auparavant. La formation Barcelonaise, initiée surtout dans les années 90, atteint son apogée à l'heure actuelle. Au point même que certains jeunes joueurs extrèmement talentueux sont obligés d'aller voir ailleurs, faute de places dans les effectifs. Les jeunes joueurs, à la cantera du Barça, ont un jeu qui se rapproche du jeu pratiqué par leurs ainés. Un jeu fait de passes, de possessions longues pour trouver une faille. Le Tiki-taka est enseigné très tôt, les jeunes, et les plus âgés, s'entrainent à l'aide de passes courtes, de pressing dans un jeu appelé "Toro". Pour conclure, je citerais le maître en la matière, le milieu de terrain du FC Barcelone Xavi Hernandez « Au Barça, on m’a dit que si je jouais au milieu, alors je n’avais pas le droit de perdre la balle. Moi, je suis un mec responsable, donc j’ai appris à la garder. Et j’aime ça. » En effet, la base du football Barcelonais est la possession, quand un joueur a la balle, l'adversaire ne l'a pas. C'est tellement simple à dire, mais tellement difficile à réaliser.
La suite ?
Guardiola est un génie, mais pour l'instant il ne reste que le génie de Barcelone. Comme tant d'autres avant, il a réussi des exploits dans un seul club et ce dans une durée limitée. Quatre ans magiques, quatre ans qui ont changé la face du football, mais lui, arrivera-t-il à changer la face du football une nouvelle fois ? Pour le bien de la tactique, espérons-le.
Commentaires (3)
1. 18/08/2012
Moui, c'est un revolutionnaire en quelque sorte en gros ^^, quand l'un veut revolutionner son sport l'autre veut revolutionner son image. On est d'accord.
2. 18/08/2012
Sauf que Skynet ce n'est pas qu'une question de style, là où je trouve Guardiola déjà supérieur à la quasi-totalité des autres entraineurs c'est qu'il est allé très loin dans son style, plus loin que quiconque et avec de nouvelles idées, il l'a fait avancé, ce qu'un Mourinho puisque tu prend l'exemple et que c'est celui qui vient naturellement n'a jamais fait.
3. 14/08/2012
Bel article.
La conclusion est interessante : Guardiola est un génie, mais un génie d'un club. Il n'est certainement pas le seul dans la planète football, on en fait un peu trop avec lui, mais il reste un génie.
Guardiola a pour moi trois gros atouts :
- Il a vécu sur le terrain. Il connait la pression de matchs, il sait comprendre un joueur, il sait se mettre à la place de ces joueurs, il sait comment les proteger, comment les lancer, comment leur parler.
- Il a pensé à son systeme bien avant de reprendre le barca. C'est un système de jeu quasi parfait dans son idée et pour Barcelone. Nul doute qu'il y a toujours pensé, quelque part, au fond de lui. Il suffit de le voir puiser dans la masia pour selectionner tel ou tel joueur absolument pour le voir.
-Il sait s'adapter. Voila où je veux en venir. Barcelone permet un systeme de jeu, il l'utilise. S'il sait faire jouer ses joueurs ainsi, pourquoi ne pourrait-il pas savoir reprendre un autre club avec une autre façon de penser le football ? Contrairement aux autres je suis pas certain que Guardiola=barcelone=1 seule façon de penser et jouer au football. Guardiola s'adaptera au système qui conviendra mieux à son équipe en pensant au court/moyen terme. Beaucoup d'équipes cherchent à copier le Guardiola style sans se rendre compte qu'avec leur effectif actuel ils ne peuvent se le permettre, ça c'set du gachis.
C'est pour cela qu'il faut rester ouvert dans le football, il n'y a pas qu'un seul "beau jeu", qu'une seule façon de penser football, c'est limite "footix" de penser comme ça. Quand un supporter du barca me dit qu'il aime cette équipe pour le beau jeu proposé par Guardiola, je me dis qu'il n'a rien compris. Guardiola peut se permettre de revolutionner le football parce que son club lui en donne les moyens, avec la tradition du football de Barcelone.
MLais celui qui me sort que Guardiola ne sait jouer que comme ça, je le traite de footix encore. Guardiola est surtout un génie qui n'est pas moins bête que Mourinho ou autre, si sa future équipe ne peut jouer à la barcelonaise, il la fera jouer autrement.
Donc arrivera-t-il à changer la face du football une nouvelle fois ? Aucune idée. L'a t-il deja fait ? Certainement, quelque part oui. S'est-il fait connaitre grâce à un seul club ? Oui. Est-il le coach d'un seul club ? J'en doute. Est-il plus intelligent ou plus tactique qu'un autre ? Certainement pas. La réciproque est vraie. On ne compare pas Bill Gates et Zuckerberg, pourtant ce sont tous les deux des génies. Alors pourquoi comparer le style de deux, trois ou quatre entraineurs ?