La Rédemption du Bayern
- Le 04/09/2012
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Mai 2012: Le Bayern Munich est en finale de la Ligue des Champions, de sa Ligue des Champions, dans son stade, l'Allianz-Arena. Tard dans une soirée éprouvante, le stade entre une première fois en fusion. Sur un long centre venu de la gauche, Thomas Müller réussit enfin à battre Petr Cech, à dix minutes de la fin de la rencontre. Le public est aux anges, les joueurs y sont presques: soulever le trophée, plus de dix ans après leur dernier sacre face au FC Valence. Un coup de tête de Didier Drogba, un pénalty manqué d'Arjen Robben, et une cruelle séance de tirs aux buts, fera entrer le stade dans un profond mutisme: le Bayern Munich a vécu une saison vierge. Le pénalty manqué de Bastian Schweinsteiger et sa détresse, symboliseront cet échec pour le club bavarois, qui ne s'attendait pas à un tel dénouement, après une première moitié de saison, pleine de promesse, après une demie finale de la Ligue des Champions dantesque face au Real Madrid, qu'il avait éliminé ... sur un pénalty de Bastian Schweinsteiger. Le symbole, le symbole.
Une manque de profondeur de banc
Cet échec, est sans doute dû, en partie à une grande fatigue de la part des joueurs munichois. Prenons pour seul exemple, le poste d'attaquant. Mario Gomez a été un prolifique buteur, en inscrivant 47 buts lors de la saison 2011/2012. Mais il a surtout disputé 63 rencontres, toutes compétitions confondues. Son remplaçent, Ivica Olic a disputé le nombre faramineux de ... 29 matchs, cette année là. Quant au remplaçent du remplaçent, Nills Petersen, il a disputé 15 rencontres avec le vice-champion d'Allemagne. Trop peu. Ce manque de profondeur de banc, s'est fait fortement ressentir, lors de la deuxième partie de la saison, chaotique pour les coéquipiers de Philipp Lahm. Aucun remplaçent potable non plus pour le capitaine du Bayern Munich, Philipp Lahm, étant donné les prestations peu reluisantes du latéral brésilien, Rafinha. En défense centrale, Heynckes n'a eu que trois défenseurs centraux réels de la saison: Holgar Badstüber, Daniel Van Buyten et Jerôme Boateng. Le onze du Bayern ne subissait que des changements minimes, de matchs en matchs. Le Bayern n'a pas affiché de maîtrise semblable à celle d'équipe telle que le FC Barcelone, et ses joueurs ont souvent montrés de réels signes de fatigue, comme lors de ce match face à Mainz, durant lequel les bavarois n'ont développés aucun jeu, se contentant de se montrer dangereux sur coup de pied arrêté (défaite 3-2, avec un doublé de Van Buyten). 15-16 joueurs utilisés dans la saison, un trop grand écart de performance entre les remplaçents et les titulaires, tel fut l'une des raisons pour laquelle Munich n'a rien connu.
Ce problème, fut d'autant plus réel, que le Bayern a lutté sur tous les fronts, et presque jusqu'au bout: il a tenté de jouer le titre, face au Borussia Dortmund, il est allé au bout de la Coupe d'Allemagne, toujours face au Borussia, et également en finale de la Ligue des Champions, durant laquelle il s'est donc incliné face à Chelsea. Les matchs se disputaient sur un rythme effreiné, malgré la longue trève hivernale qui est caractéristique de la Bundesliga. Heynckes n'a pas suffisamment utilisé de turn-over. Mal lui en a prit, au vu de la chaotique fin de saison de son club, qui finit noyé dans ses larmes à défaut d'être au milieu de ses trophées. Mais pas question de répéter les mêmes erreurs, lors de l'année suivante.
Le recrutement du club et les systèmes de jeu
Cet été, le Bayern Munich s'est donc donné les moyens de rebondir. Des arrivées, et des départs. Mais surtout des arrivées. Des joueurs ont quittés le navire bavarois, ces derniers n'avaient pas (ou plus) le niveau pour permettre à Munich de viser les étoiles (Olic, Pranjic, Petersen, Usami) et il fallait faire de la place, aux nouvelles armes bavaroises. Et celles-ci ont fière allure. Elles se nomment: Mandzukic (Wolfsburg), Dante (Monchengladbach), Xherdan Shaqiri (Bâle), Claudio Pizzaro (Werder Brême) et surtout Javi Martinez (Athletic Club). De quoi doubler les postes, renforcer ce banc défaillant, et donner bien plus de possibilités à Jupp Heynckes pour ses compositions d'équipes, car maintenant, le champ est large. Le recrutement est effectué de belle manière (seulement 30 millions d'euros sans compter Martinez) et malgré certaines dents qui grinçent avec ce dernier transfert, il serait tout de même honnête de dire, qu'avec la gestion admirable du club allemand, ils pouvaient bien se permettre un petit excès. Quant aux divers problèmes juridiques entourant ce transfert, ce n'est pas vraiment le sujet de notre petite chronique. Nous pourrions également nous dire, qu'il aurait été possible d'acheter un latéral gauche pour suppléer Alaba, étant donné que Badstüber s'est désormais bien intégré dans l'axe de la défense. Mais, les transferts de Martinez et celui de Dante ont redistribués les cartes: si nous considérons Badstüber comme étant un latéral gauche, il y aurait plus de place partout: Lahm et Rafinha en latéral droit, Boateng, Van Buyten, Dante et Martiez en centraux, Badstüber et Alaba sur le coté gauche. D'autant plus que Luis Gustavo peut dépanner à gauche, et Boateng à droite. Ainsi, la défense du Bayern, décriée la saison dernière, est désormais plus solide. Sur le papier, tout du moins. Car la vérité du terrain n'est pas encore dessinée. Au milieu, les solutions qui s'offrent à Heynckes sont également devenues multiples. Bastian Schweinsteiger apparaît comme étant indéboulonnable dans l'équipe, mais la question est, avec qui jouera t-il ? Comment jouera t-il ? Le milieu bavarois est extrèmement riches en talent avec outre son numéro 31, des joueurs tels que Tymoshiuk, Gustavo, Kroos ou même Javi Martinez.
Les saisons précédentes, le Bayern a toujours eu l'habitude de jouer avec un milieu de terrain formé par deux joueurs. En l'occurence, Bastian Schweinsteiger placé aux cotés de Tymoshiuk ou de Gustavo. Il est également possible que Toni Kroos descende d'un cran pour jouer à ses cotés, notamment lorsqu'Heynckes souhaite placer Thomas Müller, Franck Ribéry et Arjen Robben ensembles sur le terrain. Müller prend la place d'un électron libre en soutien de l'attaquant, souvent Gomez. Ce système de 4-4-1-1, ou 4-2-3-1 ne devrait pas changer la saison prochaine. Après tout, ce milieu de terrain avait complètement étouffé celui du Real Madrid, lors de la double confrontation contre les espagnols en demies finales. Seuls les joueurs, seront différents. Tymoshiuk ne devrait plus jouer beaucoup de matchs. Alaba étant blessé pour un certain temps, l'équipe bavaroise ressemblerait fortement à cela:
Neuer
Philipp Lahm - Martinez - Dante - Badstüber
Schweinsteiger - Gustavo
Arjen Robben - Toni Kroos - Franck Ribéry
Mandzukic
Müller peut éventuellement remplacer n'importe lesquels des joueurs qui se se situent derrière Mandzukic. Ce dernier a déjà montré de belles choses pour ses débuts avec le club bavarois, et apparaît désormais comme étant un concurrent crédible à Mario Gomez. Ses mouvements, ses appels, et sa faculté à participer au jeu de manière bien plus convaincante que l'avant centre allemand font de lui un joueur sur lequel le Bayern va très certainement pouvoir compter. Mario Gomez aura ainsi également la possibilité de souffler, mais devrait, selon toute vraissemblance, demeurer l'avant centre du Bayern Munich à son retour, s'il se montre toujours aussi prolifique devant les buts. Malheureusement, de nos jours, il existe une sacralisation du buteur, mais c'est un autre débat.
Le défenseur Dante devrait apporter une plus grande stabilité défensive. Il n'a pas encore effectué beaucoup de matchs, mais sa présence semble déjà plus rassurante que celle de Jerôme Boateng, qui est bien trop limité techniquement. Le brésilien semble être plus doué dans ce domaine là, et pour une équipe qui souhaite faire du jeu, avec environ 70% de possession du ballon, c'est indispensable de posséder des défenseurs relativement techniques et capables d'effectuer de bonnes relances. A ce petit jeu, il n'y a pas photo entre les deux joueurs.
Quant à Xherdan Shaqiri, l'une des autres recrues phares du club, il ne devrait - au départ du moins - pas prendre place immédiatement dans l'équipe titulaire. Très technique, rapide dans l'éxécutions de ses gestes, ayant une bonne vision du jeu, il devrait néanmoins rapidement venir postuler et inquiéter la paire d'ailliers explosives du Bayern, formée par Arjen Robben et Franck Ribéry. Le neerlandais serait peut-être même plus menacé par le suisse que son compère français, mais nous y reviendrons plus tard.
Enfin, Javi Martinez devrait être intégré dans une rotation entre la défense et le milieu de terrain. Capable de jouer aux deux postes, il pallierait à n'importe quelle éventualité (évidemment si c'est lui qui est blessé il ne pallierait à rien du tout) et permet au club d'avoir une plus grande technicité, que ce soit en central où les relances seraient bonifiés, ou au milieu du terrain, où il pourrait former une paire redoutable avec Bastian Schweinsteiger. Beaucoup d'espoirs sont placés en lui (vu le prix du transfert, vous pouvez vous dire que c'est relativement normal) et l'Allianz-Arena l'a déjà acclamé lors de son entrée en jeu face à Stuttgart.
La Force collective ... et l'interrogation Robben
Au niveau du potentiel, de la richesse, tant au niveau quantitatif et qualitatif, le Bayern Munich est l'une des références en Europe. Sans doute plus même que le Real Madrid du Only One, José Mourinho. Mais sans doute moins que le FC Barcelone. Mais quand même ! Le Bayern, si jamais tout son potentiel est utilisé, possèderait réellement une machine de guerre et pourrait faire plier bon nombre d'équipes européenes. Cette équipe peut compter sur un gardien très complet, avec Manuel Neuer. Sur des latéraux de qualités, avec Philipp Lahm et David Alaba. De nombreux centraux aux profils différents, avec Badstüber, Boateng, Van Buyten et Dante, sans oublier Javi Martinez. Elle peut également compter sur un milieu de terrain très riche, avec outre Schweinsteiger, des joueurs comme Tymoshiuk (qui jouera sans doute moins), Gustavo, Kroos et même Martinez, dont la polyvalence servira à un moment ou à un autre. L'attaque exhibe sa puissance avec fierté, Robben Shaqiri, Ribéry, Müller, Mandzukic et Gomez ne sont pas là pour faire figuration, de même que Pizzaro (même si vous pouvez avoir plus de doutes à son égard). Mais plus que ses noms, la véritable force du Bayern, résidera peut-être dans autre chose. Cette chose, c'est son incroyable potentiel collectif. On l'a entraperçu la saison passée. Ses mouvements, ses combinaisons, sa maîtrise du jeu, sa domination, son pressing, sa qualité technique, sa faculté à créer des occasions ... cette équipe lorsqu'elle joue comme telle, est une adversaire plus que redoutable.
Et peut-être bien que l'aillier vedette du Bayern, le numéro 10, Arjen Robben, n'entre pas exactement dans la même ligne de conduite que celle de ses partenaires. Critiqué régulièrement pour son individualisme, son incapacité à donner rapidement le ballon, sa tendance à utiliser le dribble en première attention, ses altercations (affaires Lahm, Ribéry, Müller), sa tendance à être bien trop guidé par ses émotions lors d'un match, d'être trop faible mentalement (c'est à dire, que lorsqu'il est dans un mauvais jour, il l'est vraiment et rate tout) et sous pression, il a quelques ennuis, pointé du doigt lors de la défaite neerlandaise face à l'Espagne, ou de la défaite du Bayern face à Chelsea avec notamment un pénalty manqué, et une prestation générale calamiteuse. En ce sens, Xherdan Shaqiri pourrait avoir sa petite carte à jouer. En effet, si le suisse est moins bon au niveau de la percussion, au niveau des dribbles et des frappes, il a quelque chose que Robben peine à utiliser: la capacité de trouver facilement et rapidement ses partenaires. Ainsi, même si dans l'immédiat, Robben demeurera titulaire, rien ne dit que dans la continuité de la saison, le transfuge de Bâle ne prendra pas sa place. Surtout que le neerlandais doit se faire pardonner. Mais dans une saison de rédemption pour le Bayern, n'est-ce pas une opportunité rêvée ?
Cette saison de rédemption a bien débutée, puisque le Bayern a battu Dortmund 2-1 et remporté ses deux premiers matchs de Bundesliga assez facilement (0-3et 6-1). Mais à Munich, que ce soit les fans, les dirigeants ou les joueurs, personne ne s'enflamme. Oui, on se rappelle comment l'équipe jouait pendant la première partie de la saison dernière. Mais on sait surtout comment elle s'est terminée.
Commentaires (3)
1. 04/09/2012
Merci YBthebest ^^
2. 04/09/2012
très bel article l'ami ;)
3. 04/09/2012
Vous ne savez pas comment j'ai lutté pour mettre ce texte. Me voilà soulagé les amis. /o\