Paris sans panache
- Le 22/04/2015
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Défait 2-0 par un Barcelone suffisant, Paris quitte la ligue des champions sans même avoir fait sembler de croire à une potentielle qualification lors de ce match retour. Le doublé de Neymar, la chevauchée folle d'Iniesta ou les récupérations toujours plus hautes des catalans semblent tous presque anecdotiques par rapport à l'impression de passivité laissé par les parisiens, loin du combat homérique pour l'honneur et l'espoir qu'on pouvait attendre. Se rendant vite compte que l'adversaire avait déjà capitulé, Barcelone s'est ensuite contenté de gérer, dans une rencontre monotone où aucune des deux équipes ne semblait vouloir forcer son talent. Après l'exploit face à Chelsea, cette défaite sans panache marque un nouveau coût d'arrêt dans la progression que le PSG doit faire chaque année.
On y croirait sans trop y croire, mais une part de nous voulait quand même espérer. Au delà des poncifs éculés, les ''Au football, tout est possible'', ''rien n'est terminé avant que l'arbitre siffle la fin du match'', on comptabilisait alors les théories, les scénarios imaginaires, les déroulements fictifs qui permettraient l'improbable exploit. Un but dès le premier quart d'heure, un carton rouge encaissé par Barcelone, ou même les deux, une compo ultra-offensive qui mangent des culés s'y voyant déjà, un pressing étouffant. Mais dans tous ses ''si'' qui avait du mal à nous convaincre, on avait oublié la variable la plus importante. Il fallait que l'équipe elle-même y croit un minimum. Et ce ne fut pas le cas.
Paris n'est pas arrivé au match le couteau entre les dents, loin de là. C'est la fleur au fusil que les joueurs pénètrent dans l'arène, et sans doute s'agissait-il même de chrysanthèmes. Très vite, on remarque l'absence de pressing, le manque de conviction et d'envie, la volonté comme les courses n'y sont pas. La composition avec Cabaye au milieu et Pastore décalé sur une aile indiquait déjà la couleur : Paris serait pragmatisme, et jouerait plus pour ne pas être humilié que dans l'espoir d'un miracle. Du coté de Barcelone, le 11 couché par Enrique annonce également la tournure du match : Non, les culés ne prennent pas ce match de haut, et sont à la recherche d'une victoire supplémentaire pour s'éviter toute potentielle sueur froide.
Lorsqu'Iniesta retrouve enfin son niveau de jeu, totalement égaré cette saison, et qu'il passe en revue quatre joueurs de l'équipe avant de parfaitement donner la balle dans la course de Neymar qui conclut froidement à la 13em minute, la messe est dite. Les joueurs culés cassent les lignes quand ils le veulent, endorment un Paris déjà somnolant sur leurs longues phases de possession, récupèrent la balle qui s'échappent des mauvais contrôles de Cavani, Matuidi, Cabaye. La timide réaction parisienne avec ce but justement refusé pour hors-jeux d'un Ibra, paroxysme de l'apathie parisienne ce soir, ne fera guère illusion. Peu de temps après, Barcelone reprend son travail de sape, sans même donner l'impression de se fatiguer. Les ballons n'arrivent jamais dans le pied des attaquants, puis ils ne parviennent même plus à alimenter le milieu parisien, de toute façon noyé. Barcelone récupère encore et encore les ballons, et Paris acculé n'arrivant pas à sortir proprement la moindre balle, finit par encaisser un second but, Neymar plaçant un coup de tête dans une défense absente, vingt minute précisément après avoir fait tremblé une première fois les filets.
La seconde mi-temps ne sera qu'une copie encore plus monotone de la première, les catalans gérant le match dans un rythme sans vie que Paris ne cherchera même pas à emballer, trop effrayé par la perspective de subir une défaite encore plus lourde. Seul Verratti permettra de pousser quelques ''olé'' et de faire sourire un peu les supporters français lors de ses fréquents brisage de ligne, dribble entre trois joueurs, passes courtes et longues. Même si elle n'aurait certainement rien changé au résultat final, on ne pourra s'empêcher de regretter l'absence du jeune fou lors du match aller, véritable lumière dans le pénombre parisien. Qui devrait faire attention à ne pas perdre sa pépite, courtisé par de plus en plus de géants au fil de ces prestations étoilés dans la coupe aux grandes oreilles.
Huitième demi-finales en neuf ans pour Barcelone donc, tandis que Paris s'arrête pour la troisième année en quart de finale, avec cette sensation de rendez-vous totalement manqué. Si après le score du match aller, l'élimination ne faisait aucun doute, cette déroute passive au retour est regrettable, tant pour le champ de l'imaginaire qu'aurait pu fructifier une lutte perdu d'avance ce soir, que pour le bilan de ce parcours européen, le premier de l'ère QSI marquait d'un exploit, Chelsea, mais aussi le premier donc à subir une véritable fessée, 5-1 score cumulée face à Barcelone. Si à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, à perdre sans combattre, on échoue dans les mémoires.